Là-haut, dans un froid polaire, le petit pont enfoui sous la neige attendait sagement l'arrivée encore très lointaine du printemps. Même si quelques promeneurs audacieux l'avaient franchi et laissé les traces de leurs pas dans la neige, il savait néanmoins que la montagne et son glacier altier resteraient presque inaccessibles durant de longs mois. Car ceux qui avaient osé affronter l'ascension avaient été rapidement freinés dans leur élan par une nature bien arrogante à cette saison.
Il n'y avait rien à dire devant ce paysage, juste l'admirer en saisissant avec humilité que la montagne en hiver était bien plus forte et qu'il valait mieux ne pas la défier. D'ailleurs, le silence, presque assourdissant, ne faisait que renforcer notre insignifiance devant un tel spectacle. Aucun animal n'était visible même si quelques empreintes laissaient présager que nous étions épiés avec grande attention.
L'astre solaire, seul dans un ciel azur, ne faisait aucunement fondre les particules de neige et en contemplant cette lumière qui noyait tout dans un mystère insondable, j'ai su, imperceptiblement, que ce jour-là, j'avais suivi ma bonne étoile jusqu'au bout de ton ombre sur le chemin verglacé.
Il y des jours où tout est simple mais profondément essentiel, même si le chamois fougueux reste discret et le sommet rutilant indomptable.
Dédé © Février 2022