vendredi 21 octobre 2022

Au Nord

 


Alors que la canicule régnait en maîtresse, au Nord, ce n'était que bruits de cascades et scintillement de l'eau dans les fjords. Dans une nature majestueuse où la mer et les montagnes s'épousaient dans des noces sans fin, on ne pouvait que ressentir humilité devant ces forces infinies.

Les fjords, sublimes, changeaient d'atmosphère au fil des heures. Ainsi, faisant place sans crier gare à une pluie fine, le soleil inondait tout en quelques minutes, séchant les prairies escarpées dans lesquelles paissaient des moutons intrépides alors que le gigantesque bateau se frayait un chemin entre les étroites parois rocheuses. En une heure, en une minute, toutes les saisons se succédaient, glaçant puis réchauffant le voyageur étonné par la puissance des éléments. 

Des routes sinueuses conduisaient à de minuscules villages dans lesquels les maisons colorées semblaient comme oubliées par les hommes. Dans des jardinets, de gracieuses fleurs défiaient la météo capricieuse et donnaient l'impression que l'été, enfin, pointait le bout de son nez. Plus au centre des terres, des glaciers imposants (pour combien de temps encore!) surplombaient les hauts plateaux presque désertiques et même au mois d'août, il neigeait. 

La petite maison, esseulée au milieu des neiges éternelles, contait un climat rude et sans pitié et même si ce jour-là, le ciel était bien sombre sur son toit herbacé, elle avait réussi à me convaincre que le soleil pouvait tout de même vaincre les nuages et caresser les herbes folles de cette gigantesque étendue. Alors, j'écoutais, fascinée, la plainte de la prairie pliant sous le vent déchaîné et j'entendais les chevauchées fantastiques des Vikings qui avaient, des siècles auparavant, traversé ces landes pour accroître leur puissance sur leurs ennemis.

Je n'avais pas de drakkar pour naviguer dans les fjords et encore moins de fier destrier pour galoper dans les terres inhospitalières des hauts plateaux. Je ne savais plus si je devais être montagnarde ou navigatrice devant ces paysages de neige et de glace, là où la mer était amoureuse de la montagne, là où la beauté affleurait dans chaque rocher. Mais ce dont j'étais sûre, c'est que ce vent du Nord soufflait à nouveau dans mes veines et qu'avec toi, j'aurais pu rejoindre des latitudes plus élevées encore, là où l'ours blanc règne en maître et où l'homme n'est plus rien face à la banquise. 

 


P.S. Merci à celles et ceux qui n'arrivent pas à mettre leur pseudo pour leur commentaire de le signer au moins, car les commentaires anonymes ne me permettent pas toujours de deviner qui c'est. Désolée pour ces désagréments de blogger, tout à fait indépendants de ma volonté.

 Dédé © Octobre 2022

vendredi 7 octobre 2022

Octobre s'en vient


 

Octobre s'en vient lentement, par ses brumes graciles et ses brouillards épais, par ses mirages dorés, par ses parfums de poires et de pommes, par ses citrouilles ventrues qui craignent de finir en veloutés et par ses feuilles qui rougissent avant de mourir en silence.

Les portes sont closes et les maisons vides du rire des enfants. Il y a les silences et les absences. Partout, les écureuils s'affairent alors que le cerf termine sa quête amoureuse.

Il y aura encore en octobre des journées de septembre, tout comme il y avait déjà eu en août des balbutiements de septembre et qu'il y aura en novembre des flottements attardés d'octobre.

Octobre s'en vient lentement, par son chemin de renoncement qui nous mènera, à coups de grands frissons, à la saison du dépouillement. 

 

 

 "L'automne raconte à la terre les fleurs qu'elle a prêtées à l'été" (Georg Christoph Lichtenberg)

 Dédé © Octobre 2022