Bluette et son humanité
A écouter ...
« La Suisse va sortir progressivement du confinement dès le 27 avril prochain. Ces quelques semaines n’ont pas été simples à vivre pour Dédé et moi. Il a fallu s’adapter au télétravail et trouver d’autres manières d’accompagner celles et ceux dont Dédé s’occupe habituellement, revoir l’organisation des semaines, se résoudre à ne plus voir la famille pour l’instant. Rien n’a été simple et en même temps, rien n’a été difficile non plus. Habiter dans un endroit merveilleux où les montagnes servent de cadre naturel aide, c’est indéniable.
Le matin, en regardant le soleil se lever, on se dit que tout est normal. Les oiseaux chantent dans les sapins, un écureuil joue à l’équilibriste sur la rambarde du balcon et le printemps s’installe doucement. La neige a d’ailleurs presque totalement disparu et les merles piétinent la pelouse à la recherche d’insectes encore mal réveillés. C’est une nouvelle journée qui commence, presque comme celles d’avant-confinement.
Mais dès qu’on cherche à s’informer, on est pris dans une tourmente d’analyses, d’avis contradictoires, de propos anxiogènes, de reportages sensationnels. On parle de ceux qui travaillent en prenant des risques, des soignants, des éboueurs, des caissières mais aussi des chefs d’entreprises, des chômeurs, des pauvres, des célébrités qui se lancent des défis sur les réseaux sociaux et de la crise économique inévitable qui atteint tout le monde. Certains, angéliques, parlent de nouvelles valeurs de solidarité, de prises de conscience en supputant, disséquant et espérant. Et dans ce tourbillon de propos, Dédé et moi, et certainement beaucoup d’autres aussi, on en arrive presque à avoir la nausée. Et alors que tout le monde applaudit le soir à 21h00 (20h00) et se donne en spectacle sur son balcon, l’après-confinement fait déjà émerger toutes sortes d’égoïsme. Ceux-là veulent reprendre le travail le plus vite possible, au mépris de la distanciation sociale, les restaurateurs s’insurgent, les indépendants fulminent, les médecins se grattent la tête. Ceux-ci veulent rester à la maison, parce que c’est trop dangereux dehors, revendiquent leur liberté retrouvée alors qu’ils sont enfermés et craignent d’être à nouveau pris dans un enfer de stress quotidien.
Chacun y va de sa théorie, pense à ses futures vacances et aux retrouvailles avec la famille et les copains au bar du coin et déplorent qu’il n’y aura pas de festivals cet été. Et pendant ce temps-là, les plus pauvres continuent de s’appauvrir, voire même de crever en silence, car on ne viendra pas les comptabiliser dans les fameuses statistiques des décès liés au COVID-19.
Dans ce brouhaha insupportable, c’est le ressentiment envers les personnes âgées qui nous questionne le plus, Dédé et moi. En effet, qui sont ces gens qui insinuent dans l’esprit de la population que le Covid-19 est une fatalité qui frappe des personnes qui sont vieilles, déjà malades et de toutes façons vont mourir. Laissons-les à leur destin, qui est le nôtre à plus ou moins brève échéance, et retournons à nos petites vies et nos plaisirs multiples qui nous ont été arrachés pendant quelques semaines ! Car la finitude de la vie fait partie de la condition humaine, mesdames et messieurs, alors ne faisons pas tout un plat de ces morts.
Quand Dédé s’insurge, je ne peux qu’acquiescer en secouant mes petites cornes. Penser que les vieux sont de toutes façons vieux, c’est vrai. Rajouter qu’il y a plus urgent de s’occuper des migrants, des glaciers qui fondent et des ours polaires faméliques qui dérivent sur leurs icebergs, cela devient questionnant.
Une société qui ne prendrait pas soin de ses anciens, à la porte de la mort, est une triste société. Car ces vieux dans les EMS (EHPAD) sont nos parents, nos amis. Bien sûr, les migrants qui attendent dans des conditions sanitaires épouvantables en Grèce ou ceux qui ne peuvent plus entrer aux USA à cause du blondinet mal peigné méritent notre considération mais mettre les individus dans des cases et estimer que certains valent plus que d’autres est problématique.
Une société se doit d’être solidaire, dans son ensemble et c’est pour cette raison que Dédé va poursuivre sa tâche professionnelle au plus près de sa conscience et même diversifier ses activités en revêtant un masque et des gants pour adoucir le sort… des vieux de la région. Peut-être qu’ils auront une pendule qui dira oui, qui dira non et rajoutera qu’elle l’attendait, hein Jacques ? Avoir de l’humanité ne doit pas être qu’un concept mais bien se transcrire au quotidien, à la mesure de nos moyens. Penser global commence par penser avant tout local.
Alors Dédé fera ce qu’elle peut pour passer le cap de cette crise et permettre à d’autres de le passer le mieux possible également et elle continuera de sourire à la vie et à cette nature si généreuse qu’elle vous offre sur la photo ci-dessous.
Prenez soin de vous ! »
Le matin, en regardant le soleil se lever, on se dit que tout est normal. Les oiseaux chantent dans les sapins, un écureuil joue à l’équilibriste sur la rambarde du balcon et le printemps s’installe doucement. La neige a d’ailleurs presque totalement disparu et les merles piétinent la pelouse à la recherche d’insectes encore mal réveillés. C’est une nouvelle journée qui commence, presque comme celles d’avant-confinement.
Mais dès qu’on cherche à s’informer, on est pris dans une tourmente d’analyses, d’avis contradictoires, de propos anxiogènes, de reportages sensationnels. On parle de ceux qui travaillent en prenant des risques, des soignants, des éboueurs, des caissières mais aussi des chefs d’entreprises, des chômeurs, des pauvres, des célébrités qui se lancent des défis sur les réseaux sociaux et de la crise économique inévitable qui atteint tout le monde. Certains, angéliques, parlent de nouvelles valeurs de solidarité, de prises de conscience en supputant, disséquant et espérant. Et dans ce tourbillon de propos, Dédé et moi, et certainement beaucoup d’autres aussi, on en arrive presque à avoir la nausée. Et alors que tout le monde applaudit le soir à 21h00 (20h00) et se donne en spectacle sur son balcon, l’après-confinement fait déjà émerger toutes sortes d’égoïsme. Ceux-là veulent reprendre le travail le plus vite possible, au mépris de la distanciation sociale, les restaurateurs s’insurgent, les indépendants fulminent, les médecins se grattent la tête. Ceux-ci veulent rester à la maison, parce que c’est trop dangereux dehors, revendiquent leur liberté retrouvée alors qu’ils sont enfermés et craignent d’être à nouveau pris dans un enfer de stress quotidien.
Chacun y va de sa théorie, pense à ses futures vacances et aux retrouvailles avec la famille et les copains au bar du coin et déplorent qu’il n’y aura pas de festivals cet été. Et pendant ce temps-là, les plus pauvres continuent de s’appauvrir, voire même de crever en silence, car on ne viendra pas les comptabiliser dans les fameuses statistiques des décès liés au COVID-19.
Dans ce brouhaha insupportable, c’est le ressentiment envers les personnes âgées qui nous questionne le plus, Dédé et moi. En effet, qui sont ces gens qui insinuent dans l’esprit de la population que le Covid-19 est une fatalité qui frappe des personnes qui sont vieilles, déjà malades et de toutes façons vont mourir. Laissons-les à leur destin, qui est le nôtre à plus ou moins brève échéance, et retournons à nos petites vies et nos plaisirs multiples qui nous ont été arrachés pendant quelques semaines ! Car la finitude de la vie fait partie de la condition humaine, mesdames et messieurs, alors ne faisons pas tout un plat de ces morts.
Quand Dédé s’insurge, je ne peux qu’acquiescer en secouant mes petites cornes. Penser que les vieux sont de toutes façons vieux, c’est vrai. Rajouter qu’il y a plus urgent de s’occuper des migrants, des glaciers qui fondent et des ours polaires faméliques qui dérivent sur leurs icebergs, cela devient questionnant.
Une société qui ne prendrait pas soin de ses anciens, à la porte de la mort, est une triste société. Car ces vieux dans les EMS (EHPAD) sont nos parents, nos amis. Bien sûr, les migrants qui attendent dans des conditions sanitaires épouvantables en Grèce ou ceux qui ne peuvent plus entrer aux USA à cause du blondinet mal peigné méritent notre considération mais mettre les individus dans des cases et estimer que certains valent plus que d’autres est problématique.
Une société se doit d’être solidaire, dans son ensemble et c’est pour cette raison que Dédé va poursuivre sa tâche professionnelle au plus près de sa conscience et même diversifier ses activités en revêtant un masque et des gants pour adoucir le sort… des vieux de la région. Peut-être qu’ils auront une pendule qui dira oui, qui dira non et rajoutera qu’elle l’attendait, hein Jacques ? Avoir de l’humanité ne doit pas être qu’un concept mais bien se transcrire au quotidien, à la mesure de nos moyens. Penser global commence par penser avant tout local.
Alors Dédé fera ce qu’elle peut pour passer le cap de cette crise et permettre à d’autres de le passer le mieux possible également et elle continuera de sourire à la vie et à cette nature si généreuse qu’elle vous offre sur la photo ci-dessous.
Prenez soin de vous ! »
Dédé © Avril 2020