Chaque année, c'est la même histoire. Présences furtives, apparitions diaphanes : devant moi, la sylve déroule son chemin enchanté. Et quand les brumes se lèvent, j'écoute, recueillie, les feuilles dégringoler.
Dédé@Octobre 2024
Rien ne reste à jamais figé à l’image des saisons changeantes. La vie s’écoule au rythme du temps et de ce fait, elle nous soumet à l’impermanence des choses, à l’éphémère. Savoure ainsi chaque instant tel un dernier hommage. Enivre-toi et fleuris en ton existence, avec les mots et les images.
Chaque année, c'est la même histoire. Présences furtives, apparitions diaphanes : devant moi, la sylve déroule son chemin enchanté. Et quand les brumes se lèvent, j'écoute, recueillie, les feuilles dégringoler.
Dédé@Octobre 2024
Francfort-sur-le-Main a des allures de cité américaine, avec ses tours altières qui touchent le ciel de leurs structures effilées. La Seconde guerre mondiale l'a pourtant laissée pantelante, particulièrement pendant le mois de mars 1944 durant lequel l'armée britannique a bombardé sans relâche la cité, la détruisant quasi entièrement. Mais l'homme se relève toujours et la résilience des survivants et des générations suivantes a conduit à cet audacieux développement urbain. Et le résultat s'étalait en cette fin de journée sous nos yeux ébahis, la Skyline, quartier d'affaires et de bureaux dans lesquel des traders du monde entier décident de transactions financières mirobolantes. Oui, c'est une ville ultramoderne qui s'est relevée avec une fureur de vivre après les bombardements, une ville haute et ouverte sur le monde et cela donnait presque le vertige de contempler l'intelligence archictecturale de l'homme.
Mais même si ce terme de "gratte-ciel" était tout à fait approprié ce soir-là où les tours semblaient toucher le ciel et trouer la barrière des nuages, je n'ai pu m'empêcher d'être saisie par des sentiments contradictoires. Certes, le spectacle était époustouflant mais j'y voyais également le signe d'un urbanisme dominateur, à l'image de l'idéologie néo-libérale, vouée à conquérir encore et encore l'humanité, à inventer et réinventer sans cesse la mondialisation grâce à la toute-puissance de l'argent. M'est revenu alors en mémoire ce tragique 11 septembre 2001, jour funeste où la civilisation florissante des gratte-ciel orgueilleux, du dieu dollar et de la plus puissante armée au monde a failli. Ce jour-là, le 21ème siècle s'était ouvert sur un décor de tragédie : attentats, morts et blessés par milliers, désespoir et vacuité des idéologies.
Mais qu'est-ce que nos civilisations hautaines ont appris de tout ceci, de cette barbare Seconde guerre mondiale, de tous les conflits et de tous les attentats meurtriers qui ont suivi? Bien peu de choses semble-t-il et le "citoyen occidental" reste très souvent sourd à la souffrance de populations démunies et exploitées, martyrisées dans le silence assourdissant des nantis.
Oui, ce soir-là, cette ville grandiose avec son quartier d'affaires résolument tourné vers l'avenir m'a laissé un goût amer en bouche. Même si un gratte-ciel a le pouvoir de faire tomber sur la terre les rayons chaleureux du soleil, même s'il est le fruit du génie humain, il est indéniablement le signe d'un monde profondément inégalitaire.
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Dédé@Octobre 2024
Les Länder de l'Est avaient un je-ne-sais-quoi de mélancolie surannée, comme si la symphonie du temps déroulait ses notes plus lentement qu'ailleurs en Occident.
Ce bord de la Mer Baltique n'échappait en rien à cette impression de nostalgie. Alors qu'ailleurs bien plus au Sud, l'été vantard et caniculaire écrasait des vacanciers blasés, cette plage semblait presque oubliée, jeune demoiselle timide ne dévoilant ses charmes qu'à celles et ceux qui savaient encore apprécier le calme à peine troublé par le bruit du ressac.
Au plus fort de la journée, alors que le vent balayait le sable et que le soleil se montrait espiègle face à de fringuants nuages, les Allemands restaient terrés dans leur "Strandkorb", dans un quasi-silence qui contrastait singulièrement avec d'autres plages bondées et malmenées par le tourisme de masse. Même les gosses construisaient leur château de sable en chuchotant tandis que quelques vaillants nageurs affrontaient le froid glacial de l'eau.
Ce soir-là, le bonheur s'est invité dans le tendre roulis des vagues et ce glorieux coucher de soleil nous a laissés heureux, avec l'envie irrépressible de poursuivre la construction de nos châteaux intérieurs.
Ces moments où la vie s'élève comme un ballon d'enfant sont précieux.
Et ce n'est pas cette Strandkorb esseulée qui allait nous contredire: oui, c'était beau et serein, tout simplement.
P.S. Je reviens gentiment dans la blogosphère. Même si l'énergie manque un peu, la volonté est là de poursuivre mon partage avec vous. Cependant, le rythme des publications ne sera peut-être pas régulier. Merci de votre fidélité.
Dédé@Septembre 2024
S'il n'y avait pas eu cette météo capricieuse, cette humidité lancinante, ce brouillard bas et compact, ces matins si gris et froids et cette mélancolie latente, il n'y aurait pas eu ce vert si tendre, ces prairies si accueillantes, ce blanc encore bien accroché sur les sommets comme s'il ne voulait plus nous quitter.
Il n'y aurait pas eu cet instant de grâce à la sortie de la forêt, devant ce spectacle printanier qui a fait oublier toutes les pluies du passé.
Et dans ce moment si précieux, le proverbe "Après la pluie, le beau temps" a pris véritablement tout son sens alors que le petit bisse poursuivait ses gambades dans le paysage enchanteur.
Dédé@Juin 2024
Clair et obscur, comme toute cette journée. J'avais oscillé entre une amertume profonde envers les humains et une euphorie tout enfantine quand j'avais croisé la route du jeune chamois. Dans ces grands yeux même pas effarouchés, j'avais lu toute la poésie de sa balade, à flanc des rochers. Et sans rien nous dire, nous étions devenus complices de la beauté du monde. Mais je n'avais pas encore tout vu.
En effet, après cette rencontre pleine de charme et d'espérance, le ciel s'était brusquement obscurci et le spectacle qu'il m'avait été donné de contempler en face n'avait fait que confirmer mon avis sur ce jour : parfois il vaut mieux s'éloigner de l'humanité pour se plonger entièrement dans la magie de la nature. Car même si à cet instant présent, les dieux déversaient leur colère sur la terre, les jeux de lumière étaient magiques. Ces gloires de pluie posées en suspension sur les flancs des montagnes et ces nuages menaçants en apesanteur dans un ciel de fin du monde formaient un tableau des plus saisissants.
Ce soir-là, la pluie a tout effacé. N'est restée de cette journée que la certitude d'être là où il fallait.
Dédé@Mai 2024
Les pierres, tombées du ciel, s'étaient rejointes, comme des mains en prière. Et elles avaient décidé de devenir aspérité pour embellir la platitude de l'étendue d'eau.
Ce lac et cette minuscule montagne qui redessinait l'ensemble en poésie minérale: tout y était.
Rien de superflu, juste l'essence.
Dédé@Mai 2024
Chaque jour apporte son lot de flocons effrontés. Les matins sont gris et maussades, voire blancs et délavés. L'atmosphère se fait parfois oppressante, tant les giboulées se suivent et se ressemblent. Le froid mordant s'accroche aux vêtements, voudrait s'engouffrer jusque dans le pauvre chalet transi pour refroidir notre confortable petit nid. Courageux, on fait pourtant face aux bourrasques de vent pendant la randonnée sous les sapins malmenés. Mais il faut bien se l'avouer, les oreilles sont congelées, les doigts transis et même les oiseaux ont la voix enrouée. Soudain, en fin de journée, une timide éclaircie apparaît et on se dit, plein d'espoir, que le froid va aller voir ailleurs une bonne fois pour toute. Les chardonnerets se remettent à converser, les chevreuils contemplent l'alpage plus haut et le merle reprend sa mélopée là où il l'avait laissée. Mais l'espérance est éphémère. Et la montagne disparaît une nouvelle fois derrière le voile neigeux tandis que les arbres reprennent leur ballet dans les fantasques bourrasques.
Il faut bien s'y résoudre et garder encore les gros pulls sous la main et le manteau accroché près de la porte d'entrée.
Non, ce ne sera pas encore cette semaine qu'on fera sécher le linge dehors. Pour l'instant, il s'agit plutôt de se calfeutrer, en sirotant un thé d'hiver et en attendant des jours meilleurs. Ce n'est pas Maître Renard qui nous dira le contraire, lui qui, emmitouflé dans sa confortable pelisse, fait le tour du chalet à la nuit tombée afin de voir si tout est à sa place.
Reste, alors que la nuit polaire descend sur le petit peuple de la montagne, cette vision sur les sommets, offerte gracieusement par les fées des neiges.
Parfois, le merveilleux surgit du chaos.
Dédé@Avril 2024
Avril. Un mois étrange qui voit s'affronter l'hiver effronté et le timide printemps. Des journées entières à se demander s'il va neiger ou si nous allons être épargnés. Tempêtes de foehn, sable du Sahara, avalanches ici et là. L'hiver avance, recule, jette quelques dernières bourrasques de blanc, semble tirer sa révérence et puis, goguenard se ravise : il ne dit pas encore son dernier mot même si le merle chante dès le soleil levé et que les chamois remontent tranquillement à travers les forêts. On aimerait pourtant croire au gai printemps mais on le sait bien: jusqu'en mai, nous serons prisonniers des caprices des cieux et franchement, cela n'est pas pour nous déplaire, bien au contraire car c'est un grand spectacle sans cesse renouvelé auquel nous assistons, émerveillés. Ainsi, la montagne, en face, se cache et réapparaît, farceuse invétérée et ces jeux de lumière se décryptent comme une moquerie de la nature, rendant peu à peu dépressif le plus aguerri des météorologues.
Dédé@Avril 2024