vendredi 20 décembre 2024

La boussole (conte de Noël)



Voici le temps de mon traditionnel conte de Noël. Comme souvent, il est peuplé d'animaux et d'esprits de la forêt car c'est dans la nature que je me sens le mieux et encore plus durant cette année 2024 qui a été plutôt compliquée à gérer. Vous y retrouverez certainement avec plaisir Bluette (pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, il faut remonter le fil du temps jusqu'à mes billets de 2020 du temps du COVID) qui se languissait de ce moment. J'espère que vous aurez du plaisir à cette lecture car j'ai longtemps hésité à écrire ce texte vu mon manque d'énergie du moment mais je vous l'offre comme un petit cadeau de Noël.


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Le petit faon était né au printemps. Malheureusement, une tragédie avait frappé sa famille et Fanfan s’était retrouvé seul dans la grande forêt, sans savoir comment faire pour survivre. Pourtant bien décidé à découvrir le monde, il avait empaqueté quelques affaires et s’était lancé sur les routes avec courage. Il avait traversé nombre de pays, certains tout plats, d’autres très montagneux. Naviguant sur d’immenses navires, il avait eu le mal de mer mais les facéties rieuses des dauphins qui encerclaient les bateaux lui avait rendu son sourire. Il avait devisé de la marche du monde avec des éléphants lors de soirées inoubliables en Afrique du Sud, avait participé à des concours de luge en compagnie des ours blancs sur d’énormes icebergs en Arctique et avait même gagné une compétition de saut en hauteur en Australie, battant les meilleurs kangourous du monde. Mais au fond de lui, il restait triste de n’avoir aucun foyer bien à lui dans une famille aimante et protectrice.

Alors qu’il était de retour sur le vieux continent, il franchit la frontière de la Suisse. L’automne était déjà bien entamé et les vergers étaient vides. Il subsistait quelques trognons de pommes momifiées, éparpillés sur les branches et par-dessous dans l’herbe pâlie, de rares tas noirâtres de prunes ratatinées pourrissaient. Pluies et vents avaient dépouillé définitivement les bois, les bosquets et les forêts. Affamé mais courageux, le petit animal remonta la vallée du Rhône, ne sachant trop où aller.

En une nuit, la neige et le vent transformèrent le paysage. D’automnal, il était devenu glacial avec un ciel gluant et bas et les quelques rayons d’un soleil sans force se hissant à peine au-dessus de l’horizon ne parvenaient pas à réchauffer le petit faon. Apeuré par cette atmosphère chaotique, lui qui était né dans le gai printemps, il le fut encore plus lorsqu’il croisa le chemin de la Vieille de l’Hiver, celle qui pétrifie chaque organisme vivant. Même si le solstice n’était pas loin, la marâtre continuait sa tournée de terreur, ses sacs et besaces encore pleins à craquer de blizzards, de bises, de hargnes, de grêle et de gel à semer sur les campagnes rabougries, les toits grelottants et les cheminées enrhumées. Sifflant, soufflant et ricanant, elle crachait de sa bouche édentée de noirs génies à ailes coupantes, à griffes et becs crochus, glaçant tout être vivant jusqu’aux os.

Afin d’échapper à cette horrible mégère, Fanfan s’engouffra vaillamment dans la forêt. Quelle ne fut pas sa surprise, après quelques pas chancelants dans la neige, d’entendre des rires et des conversations enjouées. Alors que partout dans le monde, à cette saison, les arbres nus grelottaient, là, leurs troncs et leurs branches étaient emmitouflés dans de somptueuses écharpes de laine, tricotées par la bienveillante Fée Mélusine. Des branches des sapins jaillissaient un concert ininterrompu. Mésanges bleues, charbonnières, huppées et nonettes à capuches noires, rouges-gorges, troglodytes, accenteurs alpins, merles, geais et bien d’autres oiseaux composaient cette symphonie sylvestre. Alors que là-haut bruissaient les chants, à terre, c’était un autre spectacle encore plus étonnant. Une file sans fin de nains à la peau ridée et aux vêtements d’écorce, à la barbe de lichen et aux bonnets rouges zigzaguait entre les arbres, portant à bout de bras un énorme sapin qui s’esclaffait de ses toutes ses vertes branches. Fanfan, intrigué par tant d’animations et de bruits de toutes sortes, décida de suivre le cortège, veillant à se dissimuler du mieux qu’il pouvait.

Ce défilé joyeux marcha, encore et encore jusqu’à arriver devant un chalet tout en bois au pied de grandes montagnes, d’où s’échappaient mille effluves sucrés. Les lutins à bonnet rouge frappèrent bruyamment à la porte et une minuscule vache (Bluette) l’ouvrit à toute volée, poussant le cortège et le sapin au milieu d’une énorme pièce. Fanfan, resté caché derrière la fenêtre n’en crut pas ses yeux. Le sapin fut rapidement dressé, trônant fièrement au milieu d’une foule d’animaux. Approchant de lui des grandes boîtes qu’ils se mirent à ouvrir, ceux-ci déballèrent une multitude d’objets merveilleux. Après quelques heures d’un travail acharné, le sapin se retrouva paré de la plus belle manière qui soit. Il y avait là des traînées de poussières d’anges, des cloches dorées, des boules rouges scintillantes, des guirlandes dorées, des personnages tricotés et des lucioles s’éclairant les unes après les autres. Emerveillé, Fanfan ne pouvait détacher ses yeux du magnifique arbre de Noël.

C’est alors qu’il sentit un petit sabot lui caresser gentiment le dos et lorsqu’il se retourna, Bluette la vachette se tenait, minuscule et souriante, devant lui. Elle l’invita à entrer et Fanfan se retrouva dans la chaleur du foyer dans lequel régnait un doux parfum frais de forêt. Emu, il resta silencieux alors que de la cuisine s’échappaient des rires tonitruants. Par la porte entrouverte, il vit avec surprise des marmitons ratons-laveurs au travail, les pattes dans la farine, secondés par des écureuils, des hermines et des belettes, sous la houlette d’un grand pâtissier ours brun dont la toque scintillait de mille feux. Du four s’échappaient des bonshommes de pain d’épices, des biscuits étoilés avec leurs parfums de cannelle, d’anis et de cardamone et de nombreuses autres friandises sucrées que Fanfan n’avait jamais goûtées. Et sur la table du salon trônait déjà un véritable festin : fritures, beignets, chaussons et tant d’autres plats, confitures et marmelades, tartes salées et sucrées, brioches beurrées et pains d’épices, fruits confits et meringues glacées, autant de promesses gourmandes qui rappelèrent au petit faon qu’il n’avait pas mangé depuis bien longtemps. Il se retrouva alors rapidement installé entre une marmotte et un hérisson bavard, face à un élégant cerf et sa biche et emporté dans une valse gourmande sans fin, il ne vit pas le temps passer. Le clou du spectacle fut une énorme bûche de Noël, préparée par la brigade des castors pâtissiers et apportée à table par d'élégants serveurs renards.

Epuisé par tant de merveilles, repu et choyé par tous ses nouveaux amis, Fanfan s’endormit et fut à peine réveillé par un énorme bruit provenant de l’autre bout de la pièce. En effet, le Père Noël avait encore grossi durant l’année et il lui fut bien difficile de descendre dans la cheminée pour déposer au pied du sapin une multitude de cadeaux. Emporté dans ses rêves, Fanfan ne vit pas non plus une majestueuse étoile monter dans le ciel et une myriade de feux follets, fantômes d’esprit, lutins, fées, sorcières et ogres parader dans la grande nuit de l’Hiver. Il n’entendit pas les abeilles chanter toute la nuit, les cerisiers fleurir à minuit, toutes les branches des arbres se transformer en rameaux d’or et les bergers s’approcher timidement d’une étable dans laquelle reposait un nouveau-né, entre un bœuf et un âne gris.

Le jour de Noël, Fanfan se réveilla, étrangement reposé et Bluette lui apporta son cadeau. Pendant que tous les autres animaux faisaient une ronde endiablée autour de lui, tremblant d’émotion, il déballa le paquet chatoyant et découvrit à l’intérieur une minuscule boussole. L’ours brun lui expliqua qu’ainsi, il retrouverait toujours le chemin de la maison, où qu’il aille de par le monde.

Dans le petit chalet en bois au pied des grandes montagnes régna toute la journée de Noël et durant tout l’hiver une douce atmosphère qui éloigna la Vieille et les esprits maléfiques et Fanfan, rasséréné, sut qu’il avait enfin trouvé un endroit bien à lui. Et même si dans le reste du monde, durant ce grand Hiver régna les ténèbres, il y eut toujours sous les jonchées givrées, des repousses de pétales étoilées. 

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P.S. C'est avec ce conte de Noël que je vous laisse pour une durée indéterminée. Je vous souhaite de belles fêtes et une très belle nouvelle année 2025. Nous nous reverrons certainement quand celle-ci sera déjà entamée. 


Dédé@Décembre 2024

vendredi 29 novembre 2024

Ici et maintenant


 

Ce fut le miracle de cette journée si chahutée: une éclaircie inattendue et presque magique, dévoilant des montagnes bien décidées à se débarrasser des sombres nuages et à se pavaner, lumineuses, devant nos yeux émerveillés.

Une voix, venue de nulle part, a alors murmuré cette pensée, qu'on aurait vraiment eu tort d'ignorer:

"N'attends pas demain, ne regrette pas hier, vis aujourd'hui, ici et maintenant". 

Et les montagnes ont simplement acquiescé

Dédé@Novembre 2024


vendredi 15 novembre 2024

Les fées de l'automne

 


Vallée de la Clarée, Hautes Alpes, France


Tout était magique ce jour-là, cette lumière si belle de l'automne finissant, le bruit de la rivière qui gambadait encore avant d'être prise par le gel, les derniers mélèzes flamboyants qui dansaient sur les flancs de la montagne et cet air si pur qu'il en brûlait presque les poumons. 

Le petit pont de bois avait vu passer tout l'été des hordes de promeneurs pressés mais ce jour-là, il n'était foulé que par les fées de l'automne, qui partout où elles dansaient, jetaient leurs derniers sorts sur la vallée déjà presque endormie.

Le message du jour était clair et limpide : "Quand vos pensées sont trop sombres, n'oubliez pas de prendre le chemin des hauteurs pour retrouver le bleu immaculé de vos rêves."

Alors j'ai franchi le pont et je me suis noyée dans le bleu, l'orange et le jaune. 

Dédé@Novembre 2024

vendredi 1 novembre 2024

Le grand silence

 



C'était un peu comme un pélerinage pour rendre grâce à la montagne. 

Le coeur légèrement serré devant tant de beauté, on avait pourtant envie de danser, comme les mélèzes flamboyants dans ce ciel monotone mais quelque chose nous retenait : c'était cette paix si grave, oui, ce grand moment si particulier, celui qui enveloppe la nature peu avant la neige. 

Alors on a opté pour le silence, on a simplement marché et on a contemplé, laissant les mélèzes de feu virevolter encore un peu, avant le grand repos hivernal.


Dédé@Novembre 2024

vendredi 18 octobre 2024

Balades automnales

 


Balades automnales, boueuses et brumeuses, sentiers détrempés et arbres flamboyants, biches discrètes et écureuils affairés, champignons malins et fleurs esseulées, craquements des troncs et soupirs  des fées, la forêt s'ébroue et à mon passage, les lutins farceurs me regardent avancer, bien décidés à ne pas se montrer.

Chaque année, c'est la même histoire. Présences furtives, apparitions diaphanes : devant moi, la sylve déroule son chemin enchanté. Et quand les brumes se lèvent, j'écoute, recueillie, les feuilles dégringoler. 

Dédé@Octobre 2024

vendredi 4 octobre 2024

Orgueil




Francfort-sur-le-Main a des allures de cité américaine, avec ses tours altières qui touchent le ciel de leurs structures effilées. La Seconde guerre mondiale l'a pourtant laissée pantelante, particulièrement pendant le mois de mars 1944 durant lequel l'armée britannique a bombardé sans relâche la cité, la détruisant quasi entièrement. Mais l'homme se relève toujours et la résilience des survivants et des générations suivantes a conduit à cet audacieux développement urbain. Et le résultat s'étalait en cette fin de journée sous nos yeux ébahis,  la Skyline, quartier d'affaires et de bureaux dans lesquel des traders du monde entier décident de transactions financières mirobolantes. Oui, c'est une ville ultramoderne qui s'est relevée avec une fureur de vivre après les bombardements, une ville haute et ouverte sur le monde et cela donnait presque le vertige de contempler l'intelligence archictecturale de l'homme. 

Mais même si ce terme de "gratte-ciel" était tout à fait approprié ce soir-là où les tours semblaient toucher le ciel et trouer la barrière des nuages, je n'ai pu m'empêcher d'être saisie par des sentiments contradictoires. Certes, le spectacle était époustouflant mais j'y voyais également le signe d'un urbanisme dominateur, à l'image de l'idéologie néo-libérale, vouée à conquérir encore et encore l'humanité, à inventer et réinventer sans cesse la mondialisation grâce à la toute-puissance de l'argent. M'est revenu alors en mémoire ce tragique 11 septembre 2001, jour funeste où la civilisation florissante des gratte-ciel orgueilleux, du dieu dollar et de la plus puissante armée au monde a failli. Ce jour-là, le 21ème siècle s'était ouvert sur un décor de tragédie : attentats, morts et blessés par milliers, désespoir et vacuité des idéologies. 

Mais qu'est-ce que nos civilisations hautaines ont appris de tout ceci, de cette barbare Seconde guerre mondiale, de tous les conflits et de tous les attentats meurtriers qui ont suivi? Bien peu de choses semble-t-il et le "citoyen occidental" reste très souvent sourd à la souffrance de populations démunies et exploitées, martyrisées dans le silence assourdissant des nantis. 

Oui, ce soir-là, cette ville grandiose avec son quartier d'affaires résolument tourné vers l'avenir m'a laissé un goût amer en bouche. Même si un gratte-ciel a le pouvoir de faire tomber sur la terre les rayons chaleureux du soleil, même s'il est le fruit du génie humain, il est indéniablement le signe d'un monde profondément inégalitaire.


P.S.: Je retrouve encore des commentaires anonymes. Si vous ne pouvez pas vous connecter à Blogger avec un identifiant, merci de signer au moins le commentaire.

Dédé@Octobre 2024



vendredi 20 septembre 2024

Tout simplement


Les Länder de l'Est avaient un je-ne-sais-quoi de mélancolie surannée, comme si la symphonie du temps déroulait ses notes plus lentement qu'ailleurs en Occident. 

Ce bord de la Mer Baltique n'échappait en rien à cette impression de nostalgie. Alors qu'ailleurs bien plus au Sud, l'été vantard et caniculaire écrasait des vacanciers blasés, cette plage semblait presque oubliée, jeune demoiselle timide ne dévoilant ses charmes qu'à celles et ceux qui savaient encore apprécier le calme à peine troublé par le bruit du ressac.

Au plus fort de la journée, alors que le vent balayait le sable et que le soleil se montrait espiègle face à de fringuants nuages, les Allemands restaient terrés dans leur "Strandkorb", dans un quasi-silence qui contrastait singulièrement avec d'autres plages bondées et malmenées par le tourisme de masse. Même les gosses construisaient leur château de sable en chuchotant tandis que quelques vaillants nageurs affrontaient le froid glacial de l'eau.

Ce soir-là, le bonheur s'est invité dans le tendre roulis des vagues et ce glorieux coucher de soleil nous a laissés heureux, avec l'envie irrépressible de poursuivre la construction de nos châteaux intérieurs.

Ces moments où la vie s'élève comme un ballon d'enfant sont précieux.

Et ce n'est pas cette Strandkorb esseulée qui allait nous contredire: oui, c'était beau et serein, tout simplement.


P.S. Je reviens gentiment dans la blogosphère. Même si l'énergie manque un peu, la volonté est là de poursuivre mon partage avec vous. Cependant, le rythme des publications ne sera peut-être pas régulier. Merci de votre fidélité.


Dédé@Septembre 2024

vendredi 5 juillet 2024

Le temps d'un été


J'aurais pu choisir le ciel, ou le lac. Finalement, j'ai plongé avec délectation dans ce mélange des deux, sans trop savoir où cela me mènerait. 

Il suffit de peu parfois: un lac, des montagnes saupoudrées de neige alors que c'est l'été, des mélèzes d'un candide vert tendre et des nuages capricieux après un déluge de pluie. Mais dans ce presque rien, sur ce petit chemin au-dessus de la vallée, il y avait pourtant l'infini : une brise légère chassant doucement l'averse capricieuse et qui promettait, peut-être, un lendemain ensoleillé. Même les chevreuils l'espéraient.

Ce jour-là, la vie, à travers cette infime trouée de ciel bleu, a pointé du doigt la minuscule voile blanche sur le lac enfin endormi. Elle a insisté pour nous dire de continuer à naviguer, vers d'autres possibles, d'autres rivages.  Le message était clair et limpide, il fallait s'obstiner à chercher ce qu'on ne trouverait peut-être jamais. Mais qu'importe car l'éclaircie, quoi qu'il se passe, arriverait et s'installerait, le temps d'un été ou alors pour l'éternité. 

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P.S. C'est avec ces mots que je vous laisse. Il est temps pour moi de regarder les nuages et de compter les fleurs. Je ne sais quand je reviendrai. Je me demande en effet si ce blog va perdurer sous cette forme et/ou s'il n'y a pas des choses à changer. Prenez soin de vous.


Dédé@Juillet 2024

vendredi 21 juin 2024

Matin précieux...

 



...comme un moment de grâce durant lequel le brouillard nous restitue peu à peu les montagnes, avec leur manteau encore presque hivernal mais où la lumière et son énergie nous donnent des envies de conquête, une soif d'aventure pour sortir définitivement de ce marasme ambiant.

Matin précieux qui préfigure une journée ordinaire qu'il nous appartiendra de peindre en couleurs chatoyantes afin que le soir nous soyons enfin apaisés.

Le matin, tout recommence. Et c'est infiniment précieux.

Dédé@Juin 2024

vendredi 7 juin 2024

Après la pluie...


S'il n'y avait pas eu cette météo capricieuse, cette humidité lancinante, ce brouillard bas et compact, ces matins si gris et froids et cette mélancolie latente, il n'y aurait pas eu ce vert si tendre, ces prairies si accueillantes, ce blanc encore bien accroché sur les sommets comme s'il ne voulait plus nous quitter.

Il n'y aurait pas eu cet instant de grâce à la sortie de la forêt, devant ce spectacle printanier qui a fait oublier toutes les pluies du passé. 

Et dans ce moment si précieux, le proverbe "Après la pluie, le beau temps" a pris véritablement tout son sens alors que le petit bisse poursuivait ses gambades dans le paysage enchanteur. 

 

Dédé@Juin 2024

vendredi 24 mai 2024

Gloires de pluie


Clair et obscur, comme toute cette journée. J'avais oscillé entre une amertume profonde envers les humains et une euphorie tout enfantine quand j'avais croisé la route du jeune chamois. Dans ces grands yeux même pas effarouchés, j'avais lu toute la poésie de sa balade, à flanc des rochers. Et sans rien nous dire, nous étions devenus complices de la beauté du monde. Mais je n'avais pas encore tout vu. 

En effet, après cette rencontre pleine de charme et d'espérance, le ciel s'était brusquement obscurci et le spectacle qu'il m'avait été donné de contempler en face n'avait fait que confirmer mon avis sur ce jour : parfois il vaut mieux s'éloigner de l'humanité pour se plonger entièrement dans la magie de la nature. Car même si à cet instant présent, les dieux déversaient leur colère sur la terre, les jeux de lumière étaient magiques. Ces gloires de pluie posées en suspension sur les flancs des montagnes et ces nuages menaçants en apesanteur dans un ciel de fin du monde formaient un tableau des plus saisissants. 

Ce soir-là, la pluie a tout effacé. N'est restée de cette journée que la certitude d'être là où il fallait. 


Dédé@Mai 2024

vendredi 10 mai 2024

L'essence


 

Les pierres, tombées du ciel, s'étaient rejointes, comme des mains en prière. Et elles avaient décidé de devenir aspérité pour embellir la platitude de l'étendue d'eau.

Ce lac et cette minuscule montagne qui redessinait l'ensemble en poésie minérale: tout y était.

Rien de superflu, juste l'essence.

                                                                                                                              Dédé@Mai 2024

vendredi 26 avril 2024

Le merveilleux

 


Chaque jour apporte son lot de flocons effrontés. Les matins sont gris et maussades, voire blancs et délavés. L'atmosphère se fait parfois oppressante, tant les giboulées se suivent et se ressemblent. Le froid mordant s'accroche aux vêtements, voudrait s'engouffrer jusque dans le pauvre chalet transi pour refroidir notre confortable petit nid. Courageux, on fait pourtant face aux bourrasques de vent pendant la randonnée sous les sapins malmenés. Mais il faut bien se l'avouer, les oreilles sont congelées, les doigts transis et même les oiseaux ont la voix enrouée. Soudain, en fin de journée, une timide éclaircie apparaît et on se dit, plein d'espoir, que le froid va aller voir ailleurs une bonne fois pour toute. Les chardonnerets se remettent à converser, les chevreuils contemplent l'alpage plus haut et le merle reprend sa mélopée là où il l'avait laissée. Mais l'espérance est éphémère. Et la montagne disparaît une nouvelle fois derrière le voile neigeux tandis que les arbres reprennent leur ballet dans les fantasques bourrasques.

Il faut bien s'y résoudre et garder encore les gros pulls sous la main et le manteau accroché près de la porte d'entrée.

Non, ce ne sera pas encore cette semaine qu'on fera sécher le linge dehors. Pour l'instant, il s'agit plutôt de se calfeutrer, en sirotant un thé d'hiver et en attendant des jours meilleurs. Ce n'est pas Maître Renard qui nous dira le contraire, lui qui, emmitouflé dans sa confortable pelisse, fait le tour du chalet à la nuit tombée afin de voir si tout est à sa place.

Reste, alors que la nuit polaire descend sur le petit peuple de la montagne, cette vision sur les sommets, offerte gracieusement par les fées des neiges. 

Parfois, le merveilleux surgit du chaos.

                                                                                                                                                                                                                           Dédé@Avril 2024

vendredi 12 avril 2024

L'étrange mois


 


Avril. Un mois étrange qui voit s'affronter l'hiver effronté et le timide printemps. Des journées entières à se demander s'il va neiger ou si nous allons être épargnés. Tempêtes de foehn, sable du Sahara, avalanches ici et là. L'hiver avance, recule, jette quelques dernières bourrasques de blanc, semble tirer sa révérence et puis, goguenard se ravise : il ne dit pas encore son dernier mot même si le merle chante dès le soleil levé et que les chamois remontent tranquillement à travers les forêts. On aimerait pourtant croire au gai printemps mais on le sait bien: jusqu'en mai, nous serons prisonniers des caprices des cieux et franchement, cela n'est pas pour nous déplaire, bien au contraire car c'est un grand spectacle sans cesse renouvelé auquel nous assistons, émerveillés. Ainsi, la montagne, en face, se cache et réapparaît, farceuse invétérée et  ces jeux de lumière se décryptent comme une moquerie de la nature, rendant peu à peu dépressif le plus aguerri des météorologues. 

 

Dédé@Avril 2024

vendredi 9 février 2024

Absence

Bonjour à toutes et tous,

Ce petit message pour vous informer que je vais encore être absente plusieurs semaines. En effet, entre le nouveau travail, un déménagement en mars et une exposition de photos en mars et avril, je suis très occupée et je n'ai pas le temps de passer chez vous et de publier ici. 
Je reviendrai sans doute durant le printemps.
 
En attendant, prenez soin de vous. Je vous embrasse. 


  Dédé@Février 2024