vendredi 21 avril 2017

Printemps



Sous les blanches cimes
A l'ombre des arbres nus
Chante le printemps





Chères amies et chers amis de la blogosphère, je vous informe que ce blog va être en pause pendant quelques temps. Mais je virevolterai ici et là, dans vos espaces. Ne vous inquiétez pas, je reviendrai mais il me faut un peu de repos. En attendant, je vous envoie mes fameuses bises alpines.


Dédé © Avril 2017

vendredi 14 avril 2017

La fleur de l'Amour





Pendant des jours et des jours, j’ai attendu, enfouie sous la terre, un peu timide et surtout craintive de sortir au grand air. Et si le vent m’emportait d’un coup ? Et si la pluie me terrassait de ses gouttes parfois un peu lourdes ? Et si le soleil me brûlait les pétales de ses rayons trop impatients ?

Et puis un jour, j’ai entendu que là-haut, à la surface, le temps était magnifique et que tout était prêt à m’accueillir. Mes camarades de printemps m’ont conté le chant joyeux des oiseaux espiègles, les arbres prêts à me protéger des bourrasques du vent printanier et les insectes amoureux dansant dans les airs. 

Prenant alors une grande respiration, j’ai poussé de toutes mes forces pour sortir de terre. Il m’a fallu ensuite quelques jours pour oser respirer à plein poumons et j’ai déployé enfin mes pétales colorés. Lissant ma robe toute neuve, j’ai regardé autour de moi et j’ai contemplé, un peu effrayée, le grand monde. Il faisait déjà chaud et j’ai éclaté de mille feux dans les doux rayons de l’astre du jour, s’étirant au-dessus de moi.

Regardant de tous côtés, j’ai vu des êtres humains pressés qui ne m’ont pas jeté un seul coup d’œil. Alors j’ai tenté de les amadouer, lustrant encore plus la corolle de ma robe et prenant différentes poses aguicheuses. Et, lorsque plusieurs enfants se sont penchés au-dessus de moi et que j’ai entendu leurs exclamations de ravissement, je me suis sentie belle, tout simplement. J’avoue que j’ai eu peur qu’ils m’arrachent de ma terre nourricière mais ils n’en ont rien fait, leurs mamans les tirant par la main pour les emmener plus loin. 

J’ai craint aussi les animaux poilus, comme ces chiens un peu orgueilleux qui ont la fâcheuse tendance à lever la patte un peu partout.  Alors j’ai hurlé pour les effrayer et ils sont repartis, la truffe à terre, cherchant un autre endroit plus tranquille. 

Un jour, un journal, balloté par le vent, est venu se poser quelques minutes à la hauteur de mes yeux et les titres que j’y ai lus ont fait frissonner mes feuilles et m’ont rendue très triste pour de longues heures. 

Comment l’être humain peut-il être aussi sauvage alors que la terre est si belle ? Je n’ai rien compris à ce que j’ai déchiffré et les gouttes de rosée du matin se sont mêlées à mes larmes de désespoir. 

Puis, réfléchissant intensément, j’ai tendu mon pistil et je me suis mise à chanter une douce mélopée. Mes amies, non loin de là, ont alors repris en bouquet cette mélodie. Et les oiseaux perchés dans les arbres ont entendu notre petit concert et nous ont accompagnées de tout leur coeur. C’est ainsi que l’air du bonheur est sorti des entrailles de la terre pour se poser délicatement sur les nuages et parcourir la totalité de l’univers, poussé par le vent. 

Bien loin de là, dans les décombres d’une maison détruite par des combats incessants, une petite fille a relevé la tête et a écouté de longues minutes ce doux chant qu’elle n’avait jamais entendu auparavant. Concentrée, elle a séché ses larmes du revers de la main et a soulevé un lourd caillou pour y découvrir une minuscule fleurette. C’était elle qui chantonnait, se balançant à droite puis à gauche, comme si elle dansait dans le vent. Cela a duré longtemps et les paroles de la ritournelle racontaient la valse de fleurs magiques et l’espoir fougueux faisant vaciller les armes des humains. 

Le lendemain matin, l’enfant, après une nuit peuplée de cauchemars, a ouvert les yeux. Sortant dans la rue, elle a découvert, étonnée, un parterre fleuri, embaumant l’atmosphère de mille parfums enivrants. Se baissant lentement, elle a cueilli délicatement une fleur timide qui a rosi de plaisir d’être ainsi choisie. 

La petite fleur, arrachée de terre tout là-bas sous les bombes, n’a jamais cessé de fleurir, durant toutes ces années et elle psalmodie encore aujourd’hui la mélodie du bonheur. Quant à la fillette, elle a grandi et s’est installée avec les membres de sa famille dans un pays paisible, après un parcours migratoire éprouvant. Devenue femme, elle crée à présent des bouquets de bonheur dans sa petite échoppe.  

L’Amour est fragile, comme une fleur qui sort de terre. Ne l’oubliez jamais.





 
Dédé © Avril 2017

vendredi 7 avril 2017

Petite et Grande Histoire

Grand Veymont, Vercors, France


Il y a des lieux comme ceux que je viens de traverser dans lesquels on se sent minuscule face à la grande Histoire.

Ce jour-là, je viens de terminer une randonnée magnifique sous un radieux soleil printanier. La lumière est aveuglante déjà et dans l’air flottent les premiers effluves de la saison du renouveau. De charmantes comptines chantées par des oiseaux encore timides résonnent dans les branchages et quelques fleurs agitent leurs corolles dans les prés s’étirant langoureusement sous les doux rayons du soleil. La montagne un peu plus haut est encore blanche, signe que l’hiver n’est pas si vieux mais elle sent confusément que les beaux jours arrivent en fanfare et que les assauts de la saison froide vont s’effacer bientôt.

Dans un village reculé, à peine réveillé par les cloches annonçant avec vigueur les heures, règne une douce quiétude, de celle que l’on trouve dans nombre de petits villages de France oubliés du temps. Pétaradant, un tracteur rutilant franchit avec hardiesse la rue centrale et se lance à l’assaut du champ voisin pour y travailler une terre impatiente. Une vieille dame un peu courbée surgit de nulle part avec un panier et péniblement, elle va étendre son linge au vent frétillant, se tenant les hanches entre chaque habit déposé délicatement sur la corde tendue entre les granges. 

Au carrefour d’une ruelle surgit un monument dont je m’approche silencieusement. Une notice explicative m’apprend qu’en ce lieu-même ont été fusillés en juillet 1944 plusieurs membres du village. D’autres ont été déportés et sont morts en Allemagne, bien loin de leurs montagnes natales où plane l’aigle royal et gambadent les fiers bouquetins. Ce n’est qu’une liste de noms inconnus mais elle m’émeut profondément. Le Grand Veymont que je contemple aujourd’hui a été témoin de ce massacre et ses parois rocheuses, si elles pouvaient parler, raconteraient la fureur des Allemands et la ténacité des maquisards. 

En effet, aux combats héroïques de ces derniers, réunis dans cette France libre dès 1940, succéda une répression impitoyable par l'ennemi allemand qui ne parvint pas toutefois à annihiler l'esprit de Résistance forgé par ce paysage tourmenté, véritable labyrinthe de pierres et de hauts plateaux isolés.

Deux jours plus tard, sur un autre plateau, un vieux monsieur à la barbe blanche fournie marche à tous petits pas sur un sentier. Sa cadence le rapproche, lentement mais sûrement, de sa compagne qui l’attend patiemment vers leur voiture rouge, stationnée au bord de la route. M’arrêtant quelques minutes afin de saluer le couple âgé, je ressens avec émotion la belle complicité flottant entre eux. Leur attachement profond, malgré leurs nombreuses rides et leurs cheveux blancs, est perceptible. Cette belle rencontre avec ces deux personnages remplit mon cœur d’une tendre émotion tandis que règne un calme paisible, à peine troublé par le chant des oiseaux.

Pourtant, partout autour de nous, il n’est pas une commune, une forêt, une montagne du Vercors qui n’ait été le théâtre de combats ou d’actes de Résistance. Nombreux sont aujourd’hui ces lieux de mémoire où sont tombées des hommes et des femmes qui refusaient la soumission et rêvaient d’un monde plus libre. Le contraste de cette Histoire avec l’atmosphère de ce jour génère un sentiment confus au plus profond de moi.

Car, à cette seconde même, très loin de cette tranquillité toute campagnarde, rugit une explosion déchirant les airs. Des hommes, retranchés dans des maisons déjà en ruines, attendront que le bruit cesse peu à peu et se précipiteront là où la détonation infernale a retenti. Mais ils ne retrouveront rien, car il n’y a plus là-bas que des bouts de corps calcinés et des larmes ruisselant pour l’éternité. 

Thucydide, pensait constituer, en écrivant l’histoire des guerres du Péloponnèse, une sorte d’acquis définitif pour les générations futures. Mais, après lui, combien d’historiens, ont décrit les massacres, les génocides et les mêmes convulsions de l’Histoire. Chaque nouvelle génération qui a suivi a pensé : « plus jamais cela ». Et pourtant, l’Histoire se répète, inlassablement, depuis toujours. 

Alors quand on aime, c’est une petite victoire contre les affres de la noirceur et des destructions dont l’être humain est capable. Un jour, peut-être, l’humanité comprendra que la violence ne résout rien. 

L’Histoire retiendra alors seulement les doux récits des amants éternels, comme ces deux vieux rencontrés au crépuscule de leur chemin. 



Massif du Vercors, France

P.S. Je rajoute ce message ce matin après l'attaque américaine en Syrie. Toute la semaine, j'ai été, comme vous sans doute, choquée des dernières images de la Syrie. Ce qui se passe là-bas m'a inspiré ce texte. Mais l'avenir de cette guerre reste angoissant. 


Dédé © Avril 2017

samedi 1 avril 2017

6 mois. Déjà?!




Dans un décor de montagnes ou de mer, de forêts profondes ou de plages de sable blanc, de lacs ou de rivières, ici ou ailleurs, des êtres multiples ont traversé les pages de mes écrits : farfadets joyeux, arbres qui parlent, champignons dansants, bonhommes de neige tristes ou guillerets, oiseaux joyeux et pépiant, héroïne meurtrie se perdant dans la blancheur de l’hiver, oursons souhaitant la bonne année, Ella Maillart et Cesaria Evora, mon père montagnard et son silence respectueux face aux pyramides de pierres, ma douce Maman liée à des souvenirs d’enfance et de Noëls scintillants, étoile brillante, feuilles d’or magiques, petit poney fringuant et Monsieur Printemps et son doux regard.
  
Cela fait maintenant 6 mois que j’ai repris l’écriture et que je vous livre quelques photos, au gré de mes envies et de mes réflexions sur le monde qui nous entoure.

Il y a quelques années, j’avais cessé de livrer mes Impressions, trop meurtrie par certains événements. Aujourd’hui, je ne regrette pas ce que je vis au travers d’Impermanence et ceci en grande partie grâce à vous qui me rendez visite et qui commentez avec respect et délicatesse.

Mais c’est aussi grâce à vos espaces que je grandis un peu plus chaque jour. Importants, vous l’êtes à mes yeux, habités par vos passions et réflexions respectives.

On apprend chaque jour de nouvelles choses. On s’extasie devant le spectacle de la nature, on réfléchit ensemble, on décortique l’actualité, on s’écrit nos joies et nos peines, on écoute de la musique, on découvre des livres, des recettes de cuisine, des poèmes, des tableaux, des monuments, des fleurs ou des arbres inconnus, des animaux de compagnie ou sauvages magnifiques et on admire des lieux d’une grande beauté photographiés avec intérêt. Et on se soutient d’une manière ou d’une autre, malgré l’écran qui nous sépare. Grandir ensemble et s’ouvrir à l’autre, c’est si important. Même si nos espaces ne sont que gouttes d’eau à travers l’océan de l’humanité, ils représentent les maillons d’une chaîne humaine pour un monde plus juste.

Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, je fête ces 6 mois d’existence en vous disant un grand MERCI.

Et pour vous remercier, deux photos qui sont, je pense, révélatrices de ma personnalité : la montagne à l’état pur que j’aime tant et quelques fleurs pour célébrer la douceur du printemps.
Bises alpines



Stellihorn, Valais, Suisse


Dédé © Avril 2017