vendredi 30 juin 2017

Le vent

Quelque part en Valais, Suisse


Je suis unique. Je suis multiple. Brise douce ou tumulte violent, je parcours la terre, m’engouffrant dans les brèches et les alcôves, sifflant dans les feuillages, caressant les dunes de sable, faisant frémir la surface des océans et rugissant dans les tempête de neige des Alpes.

Je peux être brûlant, desséchant tout sur mon passage ou glacial, glissant telle une ombre blanche dans les étendues lointaines du grand Nord.

L’autre jour, sous un soleil irradiant tout dans la montagne, je suis monté là-haut, à l’ombre des sommets et j’ai découvert un pâturage magnifique où reposait silencieusement une multitude de fleurs colorées. Elles n’osaient parler, suant sous les rayons caniculaires et suffoquant de toutes leurs pétales.

Contemplant ce spectacle assoupi, j’ai décidé de lui insuffler un murmure joyeux et vivifiant et sous l’effet de mon étreinte impatiente, les petites fleurs se sont mises à tanguer doucement, ravies de sentir sur leurs feuilles ma bouche suave leur chuchotant d’érotiques mélodies. Et toute cette prairie alpine a ondulé sous mes caresses, comme le tableau impressionniste d’un grand peintre du temps passé.

La puissante cascade dévalant la pente au loin s’est alors unie à mon souffle afin d’offrir des vagues de fraîcheur à toute la montagne. Dans un fracas assourdissant, elle a poursuivi sa valse rapide sur les cailloux rugueux, pressée de s’élancer à l’assaut de ce parterre multicolore et de découvrir d’autres horizons.

J’aime chuchoter dans cet environnement de pierres et d’herbes folles. Tout dans l’alpage est palpitations et parfums salés suintant des feuilles, des corolles et des tiges. Plissant mes narines, je frémis dans les aromates délivrés par cette terre grasse, nourrie chaque matin par une délicieuse rosée. Quand je tends l’oreille, mis à part le bruissement de mes ailes diaphanes, je perçois des bruits légers qui nomment le silence. Griffant la surface de la journée, les sapins et les mélèzes, balançant élégamment leurs cimes sous mes doigts impatients, froissent des tissus naturels invisibles. Et c’est alors que se dessinent des fresques vivantes que les hommes contemplent avec bonheur.

Et je sais que si je roule plus bas dans la vallée, les cloches des vaches raviront tous mes sens, diffusant des sons cristallins que je ferai résonner entre les chalets de bois accrochés au versant ensoleillé.

Demain, je ferai planer l’aigle majestueux. Dans un décor de bleu timide et de rose matinal, les nuages floconneux cacheront les dernières étoiles qui s’éteindront une à une sous la douce main du veilleur de nuit. Et dans ce décor magique, l’oiseau royal tourbillonnera gracieusement alors que les hommes seront encore endormis. 



Quelque part en Valais, Suisse


Dédé © Juin 2017

vendredi 23 juin 2017

La montagne


Col du Grand Saint-Bernard, Valais, Suisse


S’éloigner peu à peu de la plaine, suivre la route de la vallée puis se taire devant l’immensité de ce qui est offert au regard. S’imprégner alors silencieusement de ces tableaux si divers et colorés que la montagne nous offre : la course des nuages se mirant dans les lacs profonds, les senteurs de l’écume florale qui tangue dans la brise, le murmure du vent s’engouffrant dans les feuillages et le chant joyeux du torrent qui dévale somptueusement la pente.

Puis le calme s’insinue en nous alors que les oiseaux continuent à se conter des histoires de fleurs graciles et d’insectes appétissants. Et devant la grandeur du paysage et la petitesse de notre condition humaine, nous restons seuls face à la montagne qui nous envahit entièrement. 

Devenir minuscule car ce qui s’étale tout autour nous dépasse. 

Une douce sérénité remplit alors les entrailles, libérant les poumons et chassant les angoisses qui se sont installées peu à peu dans notre esprit. Et se dire enfin que les obstacles qui envahissent notre chemin ne sont rien face à la grandeur de la montagne.

Finalement, tout passe. Vous devenez la montagne, forte et belle, invincible et fière. Et les arbres se pressent sur vos premiers contreforts, vous offrant avec générosité leurs feuillages d’un vert tendre, le chamois et le bouquetin vous sillonnent avec grâce, museau et bois au vent et les nuages se blottissent sur vos flancs, vous caressant tendrement de leurs doigts ouatés.

Finir par redescendre et prendre par la main ceux qui ont aussi envie de faire l’ascension et contempler le monde d’en haut, en toute quiétude.

L’aventure de toute une vie. La montagne, c’est la vie, comme une quête de dépassement de soi et de cheminement intérieur afin d'atteindre le sommet de notre existence. 

(Texte inspiré de « Où tu vas, tu es », de Jon KABAT-ZINN)

Dédicaces spéciales à Dad, pour tout ce que ses écrits et photos m’inspirent. Et à Elisa qui, grâce à son blog, m'emmène souvent en montagne en compagnie de C., de ses demoiselles blanches et des marmottes.  


Petite information technique:  
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Quelque part en montagne, Italie

Dédé © Juin 2017


vendredi 16 juin 2017

Echarpe colorée





Sous le ciel d'été
Les gouttes d’eau s’évaporent
Arc-en-ciel joyeux



Dédé © Juin 2017