vendredi 24 mai 2024

Gloires de pluie


Clair et obscur, comme toute cette journée. J'avais oscillé entre une amertume profonde envers les humains et une euphorie tout enfantine quand j'avais croisé la route du jeune chamois. Dans ces grands yeux même pas effarouchés, j'avais lu toute la poésie de sa balade, à flanc des rochers. Et sans rien nous dire, nous étions devenus complices de la beauté du monde. Mais je n'avais pas encore tout vu. 

En effet, après cette rencontre pleine de charme et d'espérance, le ciel s'était brusquement obscurci et le spectacle qu'il m'avait été donné de contempler en face n'avait fait que confirmer mon avis sur ce jour : parfois il vaut mieux s'éloigner de l'humanité pour se plonger entièrement dans la magie de la nature. Car même si à cet instant présent, les dieux déversaient leur colère sur la terre, les jeux de lumière étaient magiques. Ces gloires de pluie posées en suspension sur les flancs des montagnes et ces nuages menaçants en apesanteur dans un ciel de fin du monde formaient un tableau des plus saisissants. 

Ce soir-là, la pluie a tout effacé. N'est restée de cette journée que la certitude d'être là où il fallait. 


Dédé@Mai 2024

vendredi 10 mai 2024

L'essence


 

Les pierres, tombées du ciel, s'étaient rejointes, comme des mains en prière. Et elles avaient décidé de devenir aspérité pour embellir la platitude de l'étendue d'eau.

Ce lac et cette minuscule montagne qui redessinait l'ensemble en poésie minérale: tout y était.

Rien de superflu, juste l'essence.

                                                                                                                              Dédé@Mai 2024