vendredi 30 juillet 2021

Eclaircies?

 


C'est ainsi, presque jour après jour. Les nuages envahissent le ciel, défiant le soleil avec arrogance, en toute impunité. Ce dernier ne sait comment agir, battre en retraite ou prendre les armes pour s'imposer. Et quand il doute, dardant un timide rayon ici ou là, la pluie profite de ses tergiversations pour s'inviter, régulièrement, en grosses gouttes orgueilleuses ou en fins rideaux glacés.

Et pourtant, ce ciel menaçant et majestueux, comme un amas de crème fouettée au-dessus d'une glace au parfum d'enfance, nous invite à plonger dans des délices interdits.

C'est un été étrange, qui suit un déconcertant printemps, qui lui a remplacé un hiver ébouriffant. 

Il n'y a, je crois, qu'à admirer ce que la nature daigne bien nous offrir et à penser à toutes celles et ceux que ce temps étrange et perturbé a précipité dans un futur bien angoissant. 

Prenez soin de vous. 

P.S.: Je suis toujours en pause, voire en pose.

 Dédé © Juillet 2021

jeudi 1 juillet 2021

Arc-en-ciel

 
 
Cela a été un drôle de printemps et je me retrouve à l’entrée de l’été bien esseulée car ma meilleure amie J. s’en est allée. Elle et moi avions partagé tant de choses, de joyeux moments, avec son mari aussi quand il était encore là. Espiègles, souvent le mot pour rire, nous passions des heures à passer en revue les histoires du village, à admirer les montagnes et les géraniums sur son balcon et à deviser sur notre humanité. 47 ans nous séparaient mais ce grand écart n’a jamais compté, ni pour elle, ni pour moi. L’amitié, l’affection et le respect étaient bien plus importants qu’un nombre qui ne signifiait finalement rien.

Elle était une lueur pour moi, comme une petite bougie toujours allumée en cas de besoin, afin d’éclairer mon chemin parfois bien obscur. Elle aimait Jean-Sébastien Bach, les chocolats Femina et le Favi que l’on dégustait à l’apéro le dimanche.

Et puis ces derniers mois, la petite flamme a vacillé, peu à peu, s’éteignant finalement au mois d’avril. En ces temps perturbés de pandémie, nous nous sommes retrouvés en tout petit comité pour lui rendre un dernier hommage et lorsque son cercueil est ressorti de l’église, j’ai carillonné quelques notes en son honneur, elle qui aimait tant entendre les cloches depuis le balcon de son magnifique chalet.

Elle avait de la peine à marcher J. et elle devait s’aider d’une canne pour traverser le village. Quand j’étais avec elle, elle faisait mine de l’oublier, pour mieux s’accrocher en riant à mon bras. Mais depuis qu’elle n’est plus là, c’est moi qui suis bancale.

Cela a été un drôle de printemps durant lequel la neige s’est invitée régulièrement comme si elle ne voulait justement pas que cela soit un vrai printemps. Heureusement que mon ami l'écureuil est régulièrement venu me rendre visite car mon moral déclinait. Et puis finalement les fleurs ont jailli en chœur, les sonnailles des vaches ont retenti à nouveau dans les alpages et le merle a entamé ses mélopées tous les soirs au sommet du sapin là-bas. J. a dû trouver son chemin dans les méandres célestes sans qu'elle ait besoin de mon bras pour clopiner.

Aujourd’hui, il est temps pour moi de prendre une pause bloguesque car ce fut vraiment un drôle de printemps qui me laisse un peu hébétée. Je m’en vais glisser sur les arcs-en-ciel et peut-être qu’avec tous mes amis de la forêt, nous composerons la symphonie de l’été.

Bel été à toutes et tous. Prenez soin de vous.


 Dédé © Juillet 2021