Il neige tôt dans la saison. Les jours blancs succèdent à des nuits scintillantes mais glaciales à l’air mordant pour que la neige reste belle et vierge.
Les arbres sont très vite ensevelis et le paysage ressemble étrangement à celui du Grand Nord. Les chemins se perdent dans la blancheur immaculée et le voyageur osant s’aventurer dans l’immensité glacée risque de se perdre à jamais. Le gel tisse entre les herbes hautes presque entièrement enfouies une toile de cristaux plumeux. Et les chalets en bois ressemblent à de toutes petites cabanes, émergeant à peine de la pente purifiée.
Installée enfin aux portes de la forêt, elle guette chaque jour à travers le givre ourlant de délicates figures sur la vitre une quelconque lueur pouvant éclairer son chemin. Durant les mois précédents, elle a vainement cherché cette lumière. Se pressant dans la grande ville bruyante, elle a tenté de la saisir au détour des ruelles, dans les parcs envahis d’enfants et dans les cafés bruyants où l’on se retrouve entre deux courses pour échanger brièvement sur la vie. Mais irrémédiablement, l’obscurité s’est faite plus opaque.
Maintenant, elle parcourt les bois, dessinant avec application dans la neige des soleils lumineux, espérant qu’ils la fassent fondre et laissent éclore une petite fleur gracile. Mais la glace reste limpide et froide et les flocons goguenards poursuivent leur danse endiablée, joyeux et effrontés.
Cette pluie de neige rend le monde encore plus mystérieux et le silence envahit tout, étouffant même les chants transis des oiseaux restés sous cette latitude. Pendant un temps ressemblant presque à l’éternité, les ouvriers du grand Maître Hiver sculptent les sous-bois, les chemins et les lourdes bâtisses de bois. Chaque branche se couvre d’une fine dentelle et des glaçons aux formes magiques s’accrochent au bord des toits.
Cette pluie de neige rend le monde encore plus mystérieux et le silence envahit tout, étouffant même les chants transis des oiseaux restés sous cette latitude. Pendant un temps ressemblant presque à l’éternité, les ouvriers du grand Maître Hiver sculptent les sous-bois, les chemins et les lourdes bâtisses de bois. Chaque branche se couvre d’une fine dentelle et des glaçons aux formes magiques s’accrochent au bord des toits.
A maintes reprises, elle sort afin d’admirer le minutieux travail des ciseleurs de cristaux. A chaque fois, le ballet en apesanteur au-dessus d’elle lui donne le tournis et la neige lui picote les joues.
Ce jour-là, quand elle cesse enfin de tomber, elle ressemble à une femme des neiges, les cheveux recouverts d’un voile comme une timide mariée, les joues rosies par la gelée et son rire carillonne dans le froid cristallin. Là où ses pieds se posaient sur la pierre durant l’automne flamboyant désormais si lointain se forme maintenant une pellicule de glace. Elle se met à chanter, étonnée de cette impression enjouée qu’elle n’a plus connue depuis longtemps et elle tourbillonne, les bras grands ouverts vers le ciel avec des flocons tombant de ses cheveux, semblables à une cape vaporeuse flottant derrière elle.
Ce jour-là, quand elle cesse enfin de tomber, elle ressemble à une femme des neiges, les cheveux recouverts d’un voile comme une timide mariée, les joues rosies par la gelée et son rire carillonne dans le froid cristallin. Là où ses pieds se posaient sur la pierre durant l’automne flamboyant désormais si lointain se forme maintenant une pellicule de glace. Elle se met à chanter, étonnée de cette impression enjouée qu’elle n’a plus connue depuis longtemps et elle tourbillonne, les bras grands ouverts vers le ciel avec des flocons tombant de ses cheveux, semblables à une cape vaporeuse flottant derrière elle.
C’est alors que derrière un amas de neige accumulé par le vent sifflotant, elle aperçoit un étrange cortège traversant gaiement la forêt assoupie. Très lentement, elle s’approche, se cachant derrière les arbres afin de ne pas déranger la procession et elle croit rêver devant le spectacle qui s’offre à elle.
Devancé par une farandole de lutins à bonnet rouge, un ourson brun un peu grassouillet joue de la flûte. Les sons qu’elle émet sont argentins et ne ressemblent à aucun instrument terrestre. Derrière les drilles guillerets et le joueur poilu s’avancent en dansant les animaux de la forêt : des renards malicieux gambadent aux côtés de moutons blancs dont la laine semble tressée de fils brillants ; des castors, souriant de toutes leurs dents, se faufilent entre les pattes graciles des chamois ; une hermine, fière dans sa houppelande grandiose, minaude avec un vieil hérisson sage ; un cerf élaphe, dont les bois servent de perchoirs à de minuscules mésanges, suit avec grande élégance, accompagné d’un parterre de biches enamourées ; des marmottes, encore mal réveillées de leur hibernation, tentent de siffler en cadence ; une horde de loups argentés devisent avec emphase avec de nobles mouflons ; au-dessus un aigle royal survole la colonne d’animaux, escorté par une colonie d’accenteurs alpins espiègles ; des gypaètes barbus se dandinent, encerclés par les grands tétras ; des blaireaux se pressent euphoriques derrière des sangliers débonnaires. D’autres animaux encore forment ce cortège joyeux, certains inconnus, colorés et ajoutant une note exotique au peuple animalier alpin. Elle entend même le vrombissement des abeilles infatigables butineuses alors que les températures sont glaciales et voit passer également des hérissons pressés censés pourtant dormir dans leur terrier.
C’est le cœur battant d’une joie toute enfantine qu’elle découvre enfin une superbe licorne distillant autour d’elle une pluie d’étoiles à chaque mouvement de sa magnifique tête, accompagnée d’un ours brun frileux, coiffé d’un énorme bonnet rouge à pompon et affublé de moufles de la même couleur, sans doute tricotés par dame oursonne.
Elle décide alors de suivre à distance la cohorte ailée, poilue et autre. Le trajet semble ne jamais se terminer, serpentant parmi les arbres mais soudain la longue colonne s’arrête, les animaux se mettant en cercle sagement au pied d’un grand sapin. Cessant leur bavardage et leur pas de danse, ils attendent patiemment, dans un silence quasi religieux.
Un Ours polaire, somptueux dans son manteau blanc étincelant de cristaux de glace, surgit de nulle part, entouré d’une multitude d’elfes des glaces. Accompagné d’un bonhomme de neige très bedonnant qui ne tient pas en place et se grattant sans cesse son nez en forme de carotte, le bel animal observe longuement le ciel puis claque des pattes.
S’élevant alors entre les branches et éclaboussant de clarté ce jour de décembre, un halo de lumière apparaît et la forêt s’ébroue au solstice d’hiver, heureuse de voir enfin les jours se rallonger. Chaque animal lève les yeux sur cette manifestation et les elfes les entourent avec chaleur, distribuant caresses et friandises pour chacun d’eux. Les lutins, sortant de leurs poches sans fond des instruments inconnus, entament alors la marche de Noël, provoquant des ondes de joie qui se répercutent à tous les coins de la Terre.
S’élevant alors entre les branches et éclaboussant de clarté ce jour de décembre, un halo de lumière apparaît et la forêt s’ébroue au solstice d’hiver, heureuse de voir enfin les jours se rallonger. Chaque animal lève les yeux sur cette manifestation et les elfes les entourent avec chaleur, distribuant caresses et friandises pour chacun d’eux. Les lutins, sortant de leurs poches sans fond des instruments inconnus, entament alors la marche de Noël, provoquant des ondes de joie qui se répercutent à tous les coins de la Terre.
Puis l’Ours blanc regarde dans sa direction et s’approche lentement de sa démarche chaloupée, les yeux rieurs et pourtant si doux. Elle tremble de tous ses membres mais le laisse s’approcher. De la poche de son long manteau, il sort avec précaution une petite étoile dorée qu’il lui tend en souriant.
Et d’une voix enchanteresse dont seul un plantigrade du Grand Nord a le secret, il lui demande de garder précieusement ce cadeau qu’il n’offre qu’à ceux qui ont gardé leur âme d’enfant. Puis de sa grande et affectueuse patte blanche, il essuie, avec la délicatesse dont seul est capable l’Ours Polaire de Noël, les larmes de bonheur qui coulent des grands yeux de la femme des neiges.
Soudain, tout disparaît comme par enchantement et elle se retrouve seule avec son étoile dorée au creux de la main. Lorsqu’elle rejoint son petit chalet douillet, elle la dépose délicatement sur une branche de sapin. Elle éclairera longtemps le foyer et tous les chemins de son existence.
Soudain, tout disparaît comme par enchantement et elle se retrouve seule avec son étoile dorée au creux de la main. Lorsqu’elle rejoint son petit chalet douillet, elle la dépose délicatement sur une branche de sapin. Elle éclairera longtemps le foyer et tous les chemins de son existence.
Et durant toute la période de Noël, de nombreux randonneurs témoigneront de l’existence de traces déposées dans la neige par un énorme ours. Mais aucun d’entre eux ne saura la vraie histoire : celle d’un Ours Polaire de Noël et de son immense cortège qui n’apparaît qu’à ceux qui savent regarder le monde avec des yeux toujours émerveillés.