vendredi 20 octobre 2023

Avec humilité

 

Ce matin-là, nous étions seuls sur le chemin qui menait au fond des pâturages. Les cloches des vaches retentissaient au loin mais tout semblait suspendu à ce début d'automne encore bien timide.

Les montagnes plus haut semblaient veiller sur nous, même si elles avaient, cet été encore, perdu de leur superbe au contact des trop chauds rayons de soleil. Pourtant, la calotte du Grand Combin résistait toujours, la glace s'accrochant de toutes ses forces à l'arête. Nous ne pouvions d'ailleurs que la congratuler pour tous ces efforts déployés. 

Quelques mésanges piaillaient dans les mélèzes à peine jaunis et cette douce musique nous a accompagnés tout au long du chemin serpentant dans les herbages mordorés.

A côté du sentier, un bisse joyeux et sautillant a recueilli au fil du parcours mes pensées bien tourmentées mais dans sa gamme de notes cristallines, il a réussi peu à peu, avec ses effluves bleutées, à adoucir le cours de mes réflexions.

Il y a de ces jours où la nature, généreuse, offre tous ses cadeaux, où tout devient si simple au côté d'un ruisseau virtuose, alors que tout est pourtant si compliqué. Ainsi, malgré toutes les difficultés, on ne peut que remercier, encore et toujours, ciel, nuages, montagnes, marmottes, fleurs tardives et sauterelles bondissantes, en s'inclinant légèrement et avec humilité devant tant de beauté.

 

Dédé@Octobre 2023


vendredi 6 octobre 2023

Destination inconnue

 

Slovénie

Il avait plu pendant des jours, comme si l'été voulait fuir pour ne plus jamais revenir. Les forêts étaient détrempées et en plein mois d'août, les champignons grandissaient en une nuit, fiers d'étaler au matin leur chapeau sous les arbres intrigués.

Ce matin-là pourtant, le soleil montrait enfin le bout de ses rayons, pour la plus grande joie de tous. Et sur le lac, encore endormi et engourdi dans les brumes matinales, le bateau quittait le ponton pour une destination inconnue, perdue dans ces nuages vaporeux. 

La saison estivale n'avait pas dit son dernier mot et au milieu de cette atmosphère régénérée par les averses abondantes des jours précédents, on se sentait à nouveau respirer et vivre. On se transformait en chevreuil bondissant, en abeille butinant, fleur gracile ou feuille légère. Et on se surprenait à reprendre le fil de ses rêves, au-delà des reflets.

P.S. Je reviens doucement. A bientôt ici et là. 

                                                                                                                                Dédé © Octobre 2023