vendredi 9 février 2024

Absence

Bonjour à toutes et tous,

Ce petit message pour vous informer que je vais encore être absente plusieurs semaines. En effet, entre le nouveau travail, un déménagement en mars et une exposition de photos en mars et avril, je suis très occupée et je n'ai pas le temps de passer chez vous et de publier ici. 
Je reviendrai sans doute durant le printemps.
 
En attendant, prenez soin de vous. Je vous embrasse. 


  Dédé@Février 2024
 

vendredi 22 décembre 2023

Paix sur terre (Conte de Noël)

 

Il avait commencé à me rendre visite il y a quelques mois. Agile, malicieux, il surgissait devant ma fenêtre, par tous les temps, qu'il neige, qu'il vente ou que le soleil soit de plomb. Quémandant quelques noisettes et amandes et les dégustant ensuite bien campé sur ses pattes arrière, l'écureuil me lançait des clins d'oeil un brin fâchés ou plein de gratitude selon le volume des friandises que je lui servais. Je l'avais surnommé affectueusement Glouton (en photo ici) car il était bien gourmand et nos rencontres me ravissaient. 

En cette fin d'automne, Glouton poursuivait ses visites mais il me semblait qu'il n'était plus aussi assidu qu'il fut un temps. En effet, plusieurs jours séparaient ses gambades facétieuses devant ma vitre et je commençais à m'inquiéter, imaginant avec angoisse qu'il pouvait avoir trouvé d'autres hôtes plus généreux que moi. Voyant que je surveillais, interrogative, ses allées et venues, il m'a alors expliqué, avec des mimiques très expressives, qu'il était en train de monter un projet d'ampleur que nul n'avait encore jamais connu dans le monde de la forêt toute proche. Effectivement, depuis cette discussion très intriguante, j'ai remarqué que les alentours de la maison bruissaient de mille bruits étranges, la nuit venue. Des conciliabules chuchotés montaient entre les sapins et des ombres surgissaient ici et là, vite estompées dès que je tentais de savoir ce qu'il en était. Un soir de décembre, j'ai décidé pourtant de sortir et de surveiller le coeur de la forêt, bien résolue à saisir enfin ce qui se passait. Alors que je commençais, épuisée et transie, à m'assoupir sous un sapin enneigé car rien d'incroyable ne s'était passé jusque-là, j'ai assisté, médusée, à un étrange spectacle. Dans la clairière non loin de ma cachette, nombreux étaient les animaux de la forêt réunis en cercle autour de Glouton, mon ami l'écureuil. Dans un langage que je ne comprenais pas mais que semblait pourtant partager toute l'assemblée poilue et ailée, Glouton monopolisait l'attention de tous. Ses moustaches frémissaient à chacune de ses paroles et ses petites pattes musclées désignaient régulièrement de nobles aigles et d'autres grands rapaces perchés non loin de là sur un sapin majestueux. Tous les animaux semblaient captivés par ce discours enjoué et hochaient la tête pour acquiescer unanimement. Même les arbres articulaient des sons étranges, agitant leurs branches et secouant leur tronc, faisant tomber des paquets de neige au sol. Cerfs, chamois, blaireaux, chevreuils, renards, hermines et marmottes, lièvres, bouquetins et sangliers parlaient avec emphase, gesticulant dans un joyeux brouhaha. Dans les branches, de nombreux oiseaux chantonnaient à chaque exclamation et ce colloque sylvestre semblait bien parti pour durer toute la nuit. 

Les membres congelés, les oreilles glacées malgré mon bonnet, je suis rentrée, sans avoir pu démêler le sens de tout ce que j'avais observé et ma nuit s'est poursuivie dans mon lit bien chaud, peuplée de rêves étranges. Le lendemain matin, à peine reposée, des mots inconnus vagabondaient encore dans mon cerveau et à ma grande stupéfaction, je les assimilais à toutes sortes d'images, comme si j'avais acquis en une seule nuit toutes les langues de la terre.

La veille de Noël, alors qu'une épaisse couche de neige recouvrait la forêt, quelle ne fut pas ma surprise d'observer en début d'après-midi une imposante escadrille composée d'aigles royaux, de buses variables et de gypaètes barbus traverser à tire-d'aile le ciel délavé, comme partie pour une très lointaine destination. Intriguée, je suis restée plusieurs heures le nez collé à ma fenêtre et alors que je désespérais de comprendre quelque chose à ce ballet aérien, la troupe ailée est revenue au-dessus de la forêt, portant sur ses ailes des enfants venus du monde entier et les déposant ensuite avec délicatesse au milieu des grands sapins enneigés. Saisissant alors mon bonnet et mon écharpe, enfilant avec fièvre mon manteau et chaussant mes bottes fourrées, j'ai claqué la porte, m'élançant dans la forêt, bien décidée à découvrir définitivement ce qui se tramait sous mon nez. Là où auparavant régnait le grand silence, des bruits de fête surgissaient entre les troncs des arbres. De longues tables avaient été dressées au milieu de la clairière et des taupes les recouvraient avec des étoffes chatoyantes brillant de mille feux dans la nuit. Des blaireaux facétieux déposaient ensuite sur les tables de la vaisselle d'or qui aurait pu rendre jaloux n'importe quel roi de ce monde. Et derrière un énorme comptoir de cuisine que je n'avais jamais vu auparavant, Glouton, toque vissée sur la tête, dirigeait d'une main de maître une nombreuse équipe de lutins jonglant entre les diverses préparations. Des fumets suaves s'échappaient des casseroles et en quelques secondes à peine, de multiples effluves sont venues chatouiller mes narines qui ont reconnu notamment des odeurs de pain d'épices, de fruits confits et de sucres d'orge. Non loin de là, une chorale composée d'oiseaux divers, accompagnée de musiciens non moins étonnants, reprenait avec ferveur des chants traditionnels de Noël que j'avais presque oubliés. La directrice de l'ensemble, une mésange charbonnière très vive, agitait ses ailes pour battre la mesure puis un ténor cerf majestueux entonna de sa superbe voix un solo magnifique. Les instruments joués par l'orchestre m'étaient totalement inconnus mais ils émettaient des sons gracieux, presque magiques, qui m'ont transportée et émue jusqu'aux tréfonds de mon âme. 

Partout dans la forêt, dans la clairière, entre les troncs des arbres, sur les branches dénudées des feuillus, des animaux chantaient et dansaient. Un loup gris tenait fermement entre ses pattes une hermine, la faisant valser délicatement. Un chevreuil battait la mesure aux côtés d'un renard, un castor souriait de toutes ses grandes dents et un bouquetin lissait, satisfait, sa barbichette. Puis un cortège s'ébranla depuis le fond de la forêt, composé d'une foule d'enfants, venus des quatre coins de la planète, emmitouflés dans d'épaisses fourrures. Battant des mains et dans toutes les langues de la terre que je comprenais sans difficulté à ma grande stupéfaction, ils reprenaient les chants de la chorale. Chaque enfant tenait la patte d'un animal et le cortège, comme sorti de mes rêves les plus fous, défila longuement. Sur tous les visages, ronds, ovales, dans les yeux bruns ou bleus, verts ou gris, bridés ou en amandes, un immense sourire disait la gratitude des bambins, qui le temps d'une nuit inoubliable, transportés par l'escadrille des grands oiseaux, s'étaient retrouvés dans une atmosphère de paix, éloignés de toutes guerres, de tout abus, de toutes maladies et de toute tristesse. Leurs différences avaient disparu, le petit Ukrainien chantant aux côtés du petit Russe et le petit Palestinien tenant la main du petit Israélien. Alors que le défilé s'approchait du buffet, les plats préparés dans la cuisine éphémère glissèrent comme par magie directement sur les tables et la ribambelle d'enfants s'installa sur les bancs pour déguster un festin grandiose. Mon écureuil et son équipe s'étaient surpassés car à chaque bouchée, les petits s'exclamaient de plaisir, découvrant des traditions culinaires des quatre horizons dans une ambiance envoûtante.

Glouton, se tournant alors vers moi, s'approcha en quelques bonds élégants et vint me prendre par la main et je me suis également installée à table, entourée de tous les enfants. J'ai mangé, mangé, mangé, dansé avec tous les animaux à tour de rôle, pleuré de joie et la soirée a passé, dans un enchantement permanent. 

A minuit pourtant, un ours brun, impérieux, a fait signe de se taire et dans un silence recueilli, quelques bergers surgis de nulle part ont entonné une douce mélopée. Et au-dessus des sapins et des mélèzes enneigés, une étoile est montée dans la nuit, éclairant une tendre scène, une mère et un père penchés sur un tout petit enfant, avec auprès d'eux un âne gris et un énorme bœuf. Chaque enfant s'est ensuite endormi sur des paillasses et dans de chaudes couvertures, veillé par un animal très attentif à son confort et à sa paix nocturne.

J'ai dû m'assoupir aussi car je ne sais pas comment je suis rentrée, même si des images furtives d'un loup argenté me guidant entre les grands sapins enneigés me sont revenues en tête par la suite. Le jour de Noël, je me suis réveillée sagement dans mon lit alors que sur ma table de nuit trônait un magnifique et succulent sucre d'orge. Un peu hébétée, je me suis levée et durant toute la journée. j'ai raconté à qui voulait bien m'entendre ce que j'avais vécu la nuit précédente. Mais personne ne m'a crue, mes proches secouant doucement la tête à mes propos, souriants et goguenards à l'évocation d'un ours brun dansant ou d'une mésange directrice de chorale. 

Quelques semaines plus tard, j'ai reçu une lettre que je me suis empressée de décacheter, le timbre m'étant totalement inconnu. C'était Farid, dix ans, qui m'écrivait de son camp de réfugiés pour me donner quelques nouvelles et dans l'enveloppe, j'ai également trouvé une photo. J'y trônais, portant dans mes bras un Glouton rayonnant, au milieu d'une ribambelle de gosses de tous les pays du monde et en arrière-plan chahutaient, sous une étoile mystérieuse, mes amis les animaux de la forêt. 

Non, je n'avais pas rêvé. Tout ceci avait bel et bien existé et la paix s'était installée sur terre et dans ma forêt, le temps de la nuit de Noël.

FIN

P.S.. Cette histoire m'est venue en écoutant et lisant les propos de la directrice de l'UNICEF, Mme Catherine Russel, sur la situation horrible des enfants à Gaza. Pourtant, chaque enfant, sur chaque continent, a le droit de vivre son enfance dans la paix. 

Malgré cette actualité chaotique, je vous souhaite de belles fêtes dans la joie, la simplicité et la sérénité. C'est avec ce conte de Noël que je vous laisse quelques temps. Je reviendrai dans quelques semaines après un peu de repos et lorsque j'aurai trouvé un rythme de croisière dans mon nouveau travail. Prenez soin de vous et merci de vos passages ici durant toute cette année 2023. J'espère que vous avez eu du plaisir à lire mes textes et visionner mes photos. 

 

  Dédé@Décembre 2023

vendredi 8 décembre 2023

Vers l'espérance


Elle est arrivée. Pendant des jours, elle est tombée, jouant avec nos nerfs, bouchant l'horizon et rendant ce mois de novembre encore plus sombre et humide que d'habitude. La mangeoire a été prise d'assaut par nos amis ailés et les accenteurs ont dû batailler ferme face à des escadrilles de niverolles impatientes. Mais en ce premier dimanche de décembre, le soleil a enfin montré le bout de son nez, dans une atmosphère glaciale mais ô combien prometteuse. 

Petits et grands ont revêtu leurs grosses doudounes, enfilé gants et bonnet et se sont élancés, joyeux, sur les chemins verglacés afin de respirer le grand air frais. 

La Suisse entière a retrouvé des airs de carte postale hivernale et les Alpes ont dit oui à cet hiver précoce. Les trottoirs sont devenus patinoires, les chemins pistes de luge et dans le bleu immaculé du ciel et entre les sapins chargés de neige, on a entendu des airs de Bach et de Vivaldi qui ont donné des envies de pain d'épice et de chocolats chauds et onctueux. 

Tout, durant notre promenade vivifiante, a été propice à l'émerveillement et au fond de nous, on a retrouvé, en ce début de l'Avent, notre âme d'enfant. Décidément, ce dimanche-là, tout malheur a été enfoui sous la neige, comme s'il n'avait jamais existé. Et une mésange, sur sa branche perchée, nous a indiqué en souriant le chemin vers l'espérance.

     Dédé@Décembre 2023

vendredi 24 novembre 2023

Résilience

 

La vague

Rendre presque ordinaire un licenciement, voilà une tendance managériale qui s'impose peu à peu dans nombre d'entreprises mais également dans les services de ressources humaines qui n'ont franchement presque plus rien d'"humain". En tant que citoyen engagé et éclairé, il serait pourtant nécessaire d'éclairer les mécanismes sous-jacents qui tendent à rendre usuelles les ruptures professionnelles et de réinterroger l’idée de plus en plus répandue du licenciement comme fatalité ou événement banal. Dépeint souvent comme une nécessité économique par les acteurs politiques et économiques, le changement d’emploi serait désormais une étape commune, possible voire inexorable ou même souhaitable dans nos carrières professionnelles. D'ailleurs, ne prévient-on pas les futurs salariés de demain qu'ils changeront plusieurs fois d'emploi durant leur carrière professionnelle et que c'est tout à fait normal? Mais que se passe-t-il réellement sur le marché du travail?

Les représentations communes du travailleur peu qualifié occupant des postes subalternes et à forte pénibilité physique ou morale, dans des structures menacées par des restructurations s'effritent car de plus en plus souvent, les licenciements s’étendent maintenant à une plus grande variété de catégories sociales de travailleurs. On passe de licenciements massifs, dus à des causes exogènes aux entreprises (conséquence de crises ou évolution de l’économie mondialisée) à des réorganisations endogènes, propres au fonctionnement du monde de l'entreprise. Ainsi, de collectifs et massifs, les licenciements s'individualisent et toutes les catégories de travailleur sont impactées, du moins formé au plus qualifié.

De plus, en analysant attentivement les mesures d’accompagnement des plans sociaux, on découvre que bien souvent l'accent est davantage mis sur la sécurisation des parcours professionnels que sur la sauvegarde de l'emploi. Une gestion en aval vient alors compenser les effets délétères des licenciements économiques plutôt que d'interroger leurs causes et leurs natures réelles. On s'intéresse donc plus aux capacités de l'employé à rebondir et à prendre lui-même en charge son employabilité plutôt que de chercher à comprendre que celle-ci est bien plus la conséquence des conjonctures de l'emploi plutôt que de sa seule manière de gérer sa carrière. On surinvestit en quelque sorte le chômeur, quitte à le rendre presque l'unique responsable de son échec professionnel. 

Pire encore, on licencie de plus en plus dans des entreprises affichant pourtant une bonne santé économique. Ainsi, pour justifier du bien-fondé de leur décision de licencier, les dirigeants insistent sur son caractère contraignant, exogène (s’imposant à eux de l’extérieur) et économique, alors même que leur structure ne rencontre aucun problème. Et pour les responsables des ressources humaines, sorte de courroie de transmission des discours de l’entreprise, l’art de licencier est devenu un outil de gestion comme un autre dans lequel l'empathie est totalement absente. 

Les vendeurs de coaching en tous genres, marchands de transition professionnelle et autres bien-pensants du monde du travail s'appuient avec conviction sur un socle idéologique et rhétorique bien huilé, faisant du chômage une fatalité, voire un horizon souhaitable. On pousse alors le travailleur ébranlé à se dépasser, à entamer une reconversion, à revoir ses valeurs de travail et ses idéaux de vie, quitte à occulter ses souffrances et ses questionnements. Certes, il est important d'offrir des pistes d'action et une aide à cette catégorie de la population éprouvée et en perte de confiance mais il n'en reste pas moins qu'un licenciement n'a rien de banal et demeure traumatisant pour nombre de travailleurs. C'est un déclassement social avec la perte d'une communauté de travail, d'une identité professionnelle et d'entreprise mais également un échec individuel provoquant une baisse d'estime de soi. Certes, on peut admettre qu'un licenciement peut être une décision inévitable dans certains cas (employé qui ne remplit pas les objectifs fixés, faute professionnele etc.) mais il y a l'art et la manière de faire les choses.

2023 aura été pour moi une nouvelle épreuve professionnelle après celle de 2017. Après avoir subi de nombreuses pressions maltraitantes, suivies d'une obligation de baisser mon taux d'activité de 30% sous couvert de raisons économiques certes objectivables en partie mais pas totalement, le licenciement a été la cerise sur une situation déjà bien alambiquée.

Non, un licenciement n'est pas qu'une étape transitoire. Cela a été pour moi avant tout une désillusion cinglante face à un monde du travail de plus en plus déshumanisé, incapable de prendre ses distances avec des managers toxiques et/ou incompétents faisant régner un climat nauséabond au quotidien. 

Aujourd'hui, résiliente, je referme cette porte la tête haute en me dirigeant vers une nouvelle opportunité. Mais les réflexions énoncées plus haut seront au coeur de ma nouvelle activité professionnelle. J'ose alors espérer que je resterai attachée à mes valeurs et à considérer encore et toujours chaque personne que j'accompagnerai comme un individu de  coeur, ancré dans une réalité familiale et sociale, et non comme un vulgaire pion sur l'échiquier du monde du travail.

La résilience, oui mais pas à n'importe quel prix! Car être résilient ne devrait pas s'interdire de déconstruire encore et toujours les inégalités structurelles en cours sur le premier marché du travail et dans d'autres domaines de notre société.

Cette humanité ne peut décidément pas être déshumanisée en toute impunité. 


P.S.: Je remercie toutes les personnes qui passent ici et qui mettent un commentaire de le signer dans la mesure du possible afin que je ne me retrouve pas avec des anonymes que je ne reconnais pas malgré tous mes efforts. 


Dédé@Novembre 2023

vendredi 10 novembre 2023

Dolce Vita

 


A l'ombre des Alpes déjà blanchies par les premières neiges, les collines parsemées de vignes et de châtaigniers se prélassaient sous les doux rayons du soleil. Les grappes de raisin avaient été récoltées quelques semaines auparavant, promesse de vin capiteux, et ne subsistaient sur les vieux ceps tordus que quelques grains oubliés et rabougris.

Les vendanges étaient terminées et les domaines se reposaient après ces moments d'intense labeur. On n'entendait plus que le vent qui agitait les feuilles, quelques pépiements d'oiseaux qui nous observaient sur le chemin et ce presque silence préparait déjà l'hiver. La brume qui descendait sur la plaine au loin donnait en effet un avant-goût de cette prochaine saison recueuillie durant laquelle la nature se reposerait après avoir offert tous ces fruits.

J'aimais ces Langhe, patrie du Barolo et du Nebiolo, vins mythiques qui ont fait la renommée de la région. Entre collines et montagnes, dans des villages fiers juchés sur des promontoires comme des sentinelles, tantôt les vignobles, tantôt le Mont Viso, le coeur respirait librement. 

Sur cette terre si tranquille, toute l'horreur du monde semblait avoir disparu et ces Italiens, endimanchés et joyeux, réunis pour célébrer l'apéritif sous les arcades d'une vieille bâtisse au milieu du village, nous ont enseigné une nouvelle fois la dolce vita et la beauté d'une humanité qu'il faut savoir encore et toujours dénicher. 

Dédé@Novembre 2023

vendredi 20 octobre 2023

Avec humilité

 

Ce matin-là, nous étions seuls sur le chemin qui menait au fond des pâturages. Les cloches des vaches retentissaient au loin mais tout semblait suspendu à ce début d'automne encore bien timide.

Les montagnes plus haut semblaient veiller sur nous, même si elles avaient, cet été encore, perdu de leur superbe au contact des trop chauds rayons de soleil. Pourtant, la calotte du Grand Combin résistait toujours, la glace s'accrochant de toutes ses forces à l'arête. Nous ne pouvions d'ailleurs que la congratuler pour tous ces efforts déployés. 

Quelques mésanges piaillaient dans les mélèzes à peine jaunis et cette douce musique nous a accompagnés tout au long du chemin serpentant dans les herbages mordorés.

A côté du sentier, un bisse joyeux et sautillant a recueilli au fil du parcours mes pensées bien tourmentées mais dans sa gamme de notes cristallines, il a réussi peu à peu, avec ses effluves bleutées, à adoucir le cours de mes réflexions.

Il y a de ces jours où la nature, généreuse, offre tous ses cadeaux, où tout devient si simple au côté d'un ruisseau virtuose, alors que tout est pourtant si compliqué. Ainsi, malgré toutes les difficultés, on ne peut que remercier, encore et toujours, ciel, nuages, montagnes, marmottes, fleurs tardives et sauterelles bondissantes, en s'inclinant légèrement et avec humilité devant tant de beauté.

 

Dédé@Octobre 2023


vendredi 6 octobre 2023

Destination inconnue

 

Slovénie

Il avait plu pendant des jours, comme si l'été voulait fuir pour ne plus jamais revenir. Les forêts étaient détrempées et en plein mois d'août, les champignons grandissaient en une nuit, fiers d'étaler au matin leur chapeau sous les arbres intrigués.

Ce matin-là pourtant, le soleil montrait enfin le bout de ses rayons, pour la plus grande joie de tous. Et sur le lac, encore endormi et engourdi dans les brumes matinales, le bateau quittait le ponton pour une destination inconnue, perdue dans ces nuages vaporeux. 

La saison estivale n'avait pas dit son dernier mot et au milieu de cette atmosphère régénérée par les averses abondantes des jours précédents, on se sentait à nouveau respirer et vivre. On se transformait en chevreuil bondissant, en abeille butinant, fleur gracile ou feuille légère. Et on se surprenait à reprendre le fil de ses rêves, au-delà des reflets.

P.S. Je reviens doucement. A bientôt ici et là. 

                                                                                                                                Dédé © Octobre 2023