Dents-du-Midi
Je ne serai pas revenue pour
rien.
Je contemple les sommets face à
moi, d’un regard apaisé, pendant que l’astre du jour surgit, joyeux de
retrouver le monde.
La contrée que j’admire en cette
heure matinale, c’est celle qui m’a vu naître, apprendre à marcher, dans
laquelle je me suis forgé tant de souvenirs d’enfance. C’est celle où je réapparais
toujours même après avoir parcouru des étendues lointaines et traversé les
épreuves de l’existence.
En fermant les yeux, je me souviens
alors de cette place gigantesque dans ce pays éloigné, s’éveillant
doucement aux lumières du matin, flanquée de bâtiments massifs, eux-mêmes
surmontés de coupoles en céramique d’un bleu turquoise. Témoins d’un autre
temps, ces bulbes majestueux avaient vu défiler des siècles durant des
caravanes de marchands qui s’en allaient jusqu’en Chine pour y transporter épices,
tissus et autres denrées sur une route trait d’union de tant de peuples
différents.
Puis je revois furtivement cette
montagne pointue que j’ai mis des heures à gravir, la peur au ventre, le
brouillard enserrant les falaises et m’empêchant de voir ce qui m’aurait sans
doute donné le vertige. Encordée, je me suis raccrochée à ce mince filin en
espérant que le sommet se rapprocherait quand soudain, le soleil a laissé
entrevoir, dans une trouée de nuages, un spectacle grandiose de pierres
altières.
En tendant l’oreille, j'entends la
caresse furtive du vent, sans doute le même qui transperçait avec force un
fjord dans ce Nord que j’ai tant aimé parcourir, habitée du même enthousiasme
que mon père, lui qui a toujours voulu atteindre les grands blocs de glace
silencieux du bout du monde.
Les voyages ont façonné l’être
que je suis aujourd’hui et ces souvenirs, parfois furtifs, d’autres fois plus
présents, se gravent peu à peu sur les pages que j’écris, transformant à chaque
fois ma vie et me faisant entrevoir d’autres mondes que celui devant lequel je
me recueille ce jour.
En ce début d’automne, l’air est
d’une transparence extraordinaire et en plissant les yeux, on pourrait presque
voir tous les détails de la roche. Devant la prodigieuse majesté de ces
montagnes, l’anecdote du voyage devient inutile. Il n’y a qu’à lâcher prise
devant ce spectacle pour se fondre dans les pierres et se réchauffer dans les rayons
du soleil naissant.
Ce monde m’envahit et comme une
rivière, il m’aspire dans son creux. Pendant quelques furtives secondes, mon
âme s’emplit de couleurs et de senteurs me transperçant de toutes parts.
Non, je ne serai pas revenue pour
rien. C’est mon voyage sans cesse renouvelé alors qu’en cet instant même,
d’autres quittent tout pour fuir la folie humaine.
Impermanence des choses et des
êtres.
Dédé © Octobre 2016
Tu nous reviens avec une magnifique photo et un texte sublime.
RépondreSupprimerIl est bon de se rappeler surtout à soi-même ses souvenirs d'enfance et de jeunesse ;
personnellement ça me fait du bien et je les glisse sur un papier virtuel sur un autre blog.
Bises Dédé !
>claude: merci de ton passage ma chère Claude. Ça fait du bien de revenir dans la blogosphėre. Je viendrai te dire bonjour sur ton autre blog. Bon we!
RépondreSupprimerUn retour en beauté, qui prouve que tout vient à point à qui sait attendre.
RépondreSupprimerMerci pour ce splendide partage.
Les montagnes valent vraiment la peine d'être gravies. Rien ne peut être comparé à l'exultation que procure la vue des panoramas découverts en arrivant en haut. Face à l'immensité de l'océan, l'être debout sur un récif se sent tout petit. Alors que perché au sommet d'une montagne, en contemplant l'horizon sur 360 degré on se sent beaucoup plus grand !
C est vrai! Mais il ne faut pas avoir le vertige. Merci pour le passage et à bientôt.
Supprimerle soleil se lève
RépondreSupprimerle ciel est bleu
et Dédé is back
un moment de plaisir dans ce monde de brute
Tout est dit mon cher. J'aime ton laconisme. 😊
SupprimerSalut Dédé.
RépondreSupprimerMerci de ta gentille visite.
Apollon est son char solaire sont apparu au sommet de la montagne...
Magnifique !
Très bonne semaine, A + ☼
Coucou ma belle Dédé
RépondreSupprimerOui tu n'es pas revenue pour rien, d'abord en préambule heureusement que nous (certains) avons fait la permanence pendant deux ans sinon ce serait le désert et tout serait à recommencer, hein ?
Ensuite je ne lis pas les cartes ni le parc de café mais j'ai constaté que mes mots croisés du Parisien ont un certain don d'opportunité : ce matin par exemple, 1 horizontal en 10 lettres : "caractère durable"
Des fois, mais pas aujourd'hui, il y a aussi "préfixe privatif" en deux lettres
Je suis contente de retrouver tes belles photos, je me souviens de coteaux couverts de vignes, c'est le moment tu as raison de revenir !
SupprimerD'abord tu as utilisé une petite ouverture, tu sais comme lorsqu'on regarde dans le petit trou qu'on peut faire avec l'index (ou en plissant les zyeux tu es sûre ?) et comme cela tu as fait la preuve que le soleil est une étoile !
Tu vas nous surprendre avec tes réflexions toujours bien senties sur ton ressenti du moment.... La sensibilité n'est pas donnée à tous et elel n'attend pas le nombre des années. Ma petite P qui a trois zans et demi bah oui il n'y a pas que monsieur O) me disait en écoutant un petit livre pour bébé que j'ai acheté pour little Jo avec des musiques du monde, à propos de la musique du Pérou "c'est triste". Parfois la musique des montagnes est tristes comme lorsqu'on a peine à la gravir (je me souviens de cela et je le prends comme un signe de connivence à mon égard) mais parfois elle est fort joyeuse...
Dans la joie ou la peine, nous allons cheminer de nouveau ensemble, tu le promets ?
> daniel: Vont-ils dévaler la montagne et s'écraser lamentablement au sol? :-)
RépondreSupprimer>cergie: Je te remercie pour la permanence de deux ans. C'est vrai que c'est long.
Tu as raison, la musique des montagnes peut être triste ou joyeuse, mais peut-être que c'est simplement le ressenti de celui ou celle qui les regarde qui importe. En tous les cas, je me réjouis d'être de retour parmi vous et oui, nous allons reprendre le chemin ensemble, le même que j'avais parcouru en arrivant chez toi il y a de cela déjà fort longtemps.
Non! non! point ne s’écrase le soleil va toujours au firmament ...
SupprimerTelle Mahomette, tu vas à la montagne. Mais as-tu pris ton burkini ? mmmh ?
RépondreSupprimer>ben: voyons, voyons! Le burkini, mon cher monsieur, ce n'est pas fait pour aller à la montagne. C'est fait pour aller patauger dans la mer à la plage. Pour aller à la montagne, je m'équipe chez Mammut. Tu connais? Alors telle Mammutet, je vais à la montagne.
RépondreSupprimerFais attention DD, le Mammut trompe le froid, mais pour prendre sa défense, il faut creuser. M'enfin bon moi de toutes façons, j'y vois rien...
SupprimerSi tu n'y vois rien, je ne vais pas prendra ta défense. T'as qu'à rester dans le noir. (pour ceux qui ne comprennent pas, c'est pas grave...)
SupprimerContente de ton retour (merci de ton passage sur mon blog), de lire ton beau texte, en rapport avec cette photo ...idéale.
RépondreSupprimerBonsoir Dédé, je découvre votre blog et je suis enchantée par cette merveilleuse photo et de votre chaleureux texte.
RépondreSupprimerNe serait-ce pas ls Dents-du-Midi en photo ? Si c'est le cas, je suis vraiment touchée.
Enfant, de 9 à 17 ans, j'ai passé de merveilleuses vacances été et hiver dans une famille à Champéry et chaque jour, je voyais ce merveilleux massif. Cette famille avait sept enfants et un jour, nous sommes montés au pied des Dents du Midi. Que de beau souvenirs à Champéry.
Merci pour votre magnifique photo.
>denise: Oui, ce sont bien les Dents-du-Midi au lever du soleil, photographiées il y a quelques semaines en arrière. Vous avez vécu de beaux souvenirs à Champéry et apparemment cette photo les ravive. La magie du monde des blogs! A bientôt.
RépondreSupprimerBonjour Dédé,
RépondreSupprimerVos Dents du Midi portent bien leur nom sur cette photo. Où l'on se prend à rêver qu'un rayon de conscience et de sagesse perce la pierre qui entoure trop souvent nos coeurs...
Bonne journée, Dédé
Je suis contente que tu retrouves tout le monde. Vois-tu une blogueuse qui se disait amie s'en est allée de la blogosphère pour WhatsApp et perso, je n'ai plus de nouvelles. Du coup je n'ose même pas lui passer un mail. Elle n'a même pas expliquer son départ. Pas sympa du tout !
RépondreSupprimerBises.
Quel plaisir de retrouver Dédé la bloggeuse, texte et image de la qualité que nous connaissions… et aussi le plaisir de retrouver dans les commentaires, des noms bien familiers !
RépondreSupprimer>jagneau lapin: Mais voilà un drôle d'animal qui apparaît ici. Doux comme un agneau? grandes oreilles comme un lapin? En tous les cas, mon cher monsieur (j'en déduis que vous êtes un mâle), quelle belle petite pensée que vous amenez en ce matin grisâtre. Merci de votre passage et je vous souhaite de gambader dans des prés d'herbes fraîches. ;-)
RépondreSupprimer>claude: quelle méchante!
>peter: Salut petel! tu passeras mes salutations à ton lama. J'espère qu'il va bien. Et toi aussi, par la même occasion. Eh oui, on se retrouve un peu en "famille" ici.
Vous écrivez bien Dédé. Aussi majestueusement que vos montagnes.
RépondreSupprimerHeureuse de faire votre connaissance et...
... Non, pas question que je vous donne mon numéro de compte bancaire! ;-)
>l'ange-aérien: bienvenue ici et j'espère que vous y trouverez un petit moment de repos et de détente. A bientôt!
RépondreSupprimerje lis à reculons car je viens de lire le message d'aujourd'hui pensant que c'est le premier après une si longue absence ... je ne te décrirai pas le plaisir que j'ai eu en voyant tes commentaires sur certains blogs que je visite encore, tu y verrais de la flatterie. Mais non bienvenue bloggeuse prodigue! Enchante nous avec tes magnifiques photos et amène nous à lire et réfléchir avec tes beaux textes.
RépondreSupprimer>marie-marguerite: merci beaucoup pour l'accueil enthousiaste. :-)
RépondreSupprimerWhaouu superbe moment très bien capté, il fallait être là au bon moment ! Quand les mots rejoignent les images, c'est un vrai plaisir...
RépondreSupprimer>olivier: Bienvenue ici. Je savais à peu près à quelle heure le soleil allait surgir derrière les montagnes. Il suffisait d'appuyer au bon moment sur le déclencheur. Merci de votre passage!
RépondreSupprimer"Lâcher prise" devant le beau, le bon, quel programme!
RépondreSupprimerUn magnifique retour.
>thérèse: Et bon retour à vous aussi!
RépondreSupprimerJ'arrive un peu tard... mais heureuse de retrouver vos photos et vos mots, ainsi que la petite communauté des amis blogueurs :) Pour ma part en pause depuis bien longtemps, je me ferai un plaisir de refaire un bout de chemin par ici en tant que visiteuse. Amicalement. C.
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