mardi 1 juillet 2025

Géographie de présence

 


Me voici donc face aux montagnes, et comme le chalet en bois en contrebas, je contemple en silence. Au-dessus de moi, l'air est bleu et blanc, dessiné par ces nuages à l'humeur changeante. Au creux des herbes encore printanières, dans les fleurs et les abeilles bourdonnantes, lentement, tout doucement, je trace un sentier intime en moi. Je poursuis cette quête de la montagne — ses humeurs changeantes, ses rochers farouches, ses alpages apaisés et ses eaux pleines de la mémoire de glaciers toujours plus timides. 

Aller dans la montagne, grimper d'abord dans les pâturages puis entre les cailloux aiguisés, c'est comme un voyage en soi.

Je le poursuis, inlassablement, avec rage parfois mais tendresse souvent. C'est une géographie de présence. 

Et là-haut, dans le ciel, un nuage, coulant sur ma joue comme une larme inversée, continue de me caresser le visage. 

Je suis. Encore. 


"Ouvrir les yeux est un antidote au désespoir".  (Sylvain Tesson, Petit Traité sur l'immensité du monde, 2005)


P.S. Ce printemps m’a atteinte dans le corps et l'âme,  jusque dans les repères que je croyais encore solides et que j'avais péniblement mais avec foi reconstruits. Et les mots se sont presque tus, happés par la fatigue et le doute.

Alors je m’arrête. Ce blog entre en silence estival, posé comme une pierre sur le bord du sentier. Il faudra encore du temps pour retrouver l’élan, rebâtir l’intérieur, pierre par pierre, souffle après souffle. Mais quelque part, dans la faille, une lumière persiste.

Merci d’avoir été là, dans l’ombre portée de cette montagne intérieure. Je vous retrouverai,  là où les sentiers se croisent encore. Prenez soi de vous. Dédé


Dédé@Juillet 2025