vendredi 24 octobre 2025

Limpidité

 



Ce matin, la montagne, espiègle, s’amusait à se contempler dans le lac. Son profil clair et tranquille glissait sur la surface immobile, et dans cette clarté suspendue, je pouvais enfin reprendre mon souffle, sentir mes pensées se calmer et lentement se poser à la frontière du ciel et de la lumière.

La crête, nette comme une coupe, rejoignait son double. Elle recousait mes éclats intérieurs, ramenait mes inquiétudes sur un fil que je pouvais suivre, lentement, sans me presser. Le lac ne promettait rien et ne mentait pas : il offrait sa vérité, simple et exacte, comme une mesure du monde déposée devant moi. Je pouvais rester là, immobile, sentir l’air frais contre ma joue, le parfum humide de ce début d’automne envahir mes poumons, tandis que les couleurs encore discrètes du paysage se déposaient dans mes yeux.

Cette parfaite symétrie n’était pas une consolation hâtive. C’était une vérité sobre, un murmure discret qui s'imposait peu à peu : quand l’intérieur vacille, dehors persiste quelque chose qui tient bon.

Voilà ce que le monde m’apprit ce matin-là. Il ne servait à rien de ressasser le passé, de chercher à comprendre les injustices ou les blessures ; il suffisait simplement de rendre à la vie sa limpidité et de la laisser retrouver son enchantement.

L'univers respirait avec moi, tranquille, comme au premier matin.


Dédé@Octobre 2025

2 commentaires:

  1. "Ce quelque chose qui tient bon", souhaitons fort qu'il constitue une vérité sobre certes mais aussi ...durable. Bises atlantiques.

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