vendredi 1 septembre 2017

Quelques notes



Autriche


Les petits lacs brillaient sous le soleil radieux ou sous les caresses étincelantes de la pluie, entourés de montagnes un peu timides. Pas aussi élevées que celles que je contemple habituellement, elles baignaient pourtant dans une atmosphère magique, parcourues à la nuit tombée d’êtres mystérieux dont on ne voit jamais les traces le matin venu, mais qu’on sent confusément dormir au creux des pierres millénaires.

Les villages semblaient vivre hors du temps, délicatement posés sur le rivage, avec leurs clochers et leurs maisons de bois se mirant dans les eaux vertes et turquoises. Et chaque quart d’heure, une cloche rappelait le temps qui passe s’écoulant comme un fleuve tranquille.

Me lovant dans ces paysages idylliques et marchant dans cette nature généreuse remplie de bruissements d’insectes et de chants d’oiseaux espiègles, j’ai respiré le parfum des herbes folles et plongé dans les eaux si pures du lac enchanteur. Quelques bruits de tracteurs vrombissants traversaient les prairies ondulantes sous un petit vent chaud d’été alors que les bateaux naviguaient sur les vagues discrètes.

Une petite église somptueuse à l’écart des grands chemins m’a ouvert ses lourds battants, révélant à mes yeux ébahis sa magnificence. Puis la cloche dans la blanche chapelle accrochée à la paroi rocheuse a chanté sur le sentier des pèlerins du temps passé. Et le Danube, coulant tranquillement dans la vaste plaine, a ravi mon cœur d’enfant, faisant ressurgir les notes mythiques d’une valse qui tourbillonne encore et toujours dans les plus grandes salles de concerts du monde.

Il y a de ces lieux dans lesquels on aimerait se fondre à jamais le temps de l’éternité, comme il n’y a pas si longtemps une triste et mélancolique souveraine préférant chevaucher dans la forêt que de s’enfermer dans les palais fastueux de la Vienne impériale.

Qu’il était vivant ce cortège improvisé suivant la fanfare dans les rues du petit village s’assoupissant pour la nuit et combien étaient concentrés les membres de ce quintet applaudi pour tant de vivacité et d’enthousiasme !

Perdue aujourd’hui dans les souvenirs de cette escapade hors du temps, j’entends résonner à mes oreilles quelques notes des plus belles partitions de Mozart, enfant du pays et génie un peu fou, mort bien trop tôt d’avoir sans doute trop vécu. Une douce nostalgie m’envahit à l’évocation des airs fameux du grand maître, chantés et joués dans une fastueuse salle éclairée de mille bougies, dans une ambiance joyeuse, rehaussée par le jeu espiègle du contrebassiste.

Mais ce petit pont de bois magique, enjambant un lac un peu triste, écrasé par de lourds nuages gonflés de larmes, me conduira sans doute dans ton palais caché là-haut dans la montagne, dans lequel nous nous retrouverons, tels deux voyageurs éternels, pressés d’étreindre nos mains à l’écart du monde.



Autriche




Dédé © Septembre 2017

vendredi 25 août 2017

Ailleurs



Un lac magique, Autriche



Glisser la main dans le lac et regarder les vagues se créer à la surface de l’eau. Continuer le mouvement en pensant que le lac si tranquille va se fâcher pour se transformer en rouleaux furieux. Et croire que tout va changer dans cette tempête grondante.
  
Poser sa paume sur son cœur pour tenter de le calmer car il bat bien trop fort. Les yeux plongent à nouveau dans le lac, qui est redevenu nappe magique, sans remous. Et les êtres merveilleux voyageant dans les abysses continuent leurs éternelles odyssées comme si les vagues à la surface n’avaient jamais existé. 

Ressasser. Souffrir. Puis croire confusément qu’un jour, les yeux perceront les choses au-delà de leur apparence. Et que les pensées obsédantes s’atténueront. Un peu. Car elles ne mènent nulle part et ne sont même pas des réflexions qui font évoluer vers autre chose. Au contraire, elles étalent dans le temps et dans l’espace les mêmes soucis et événements malheureux. Morosité et sentiment d’impuissance. Il y a des choses qu’on ne change pas. C’est à nous d’évoluer, vers un ailleurs indéfini encore mais qui existe.

Le lac reste lisse et dans ce silence majestueux se dessine furtivement un espoir. Il ne sert à rien de trop remuer, jeter avec fracas, car tout retombe, presque dans le même ordre qu’avant, voire avec plus de désordre. Mieux vaut avancer vers la montagne au loin car elle apaise. Et cesser de poursuivre des chimères. 

Tout s’éclaire alors d’une autre lumière, encore pâle mais pleine d’espérance. Peut-être un jour redevenir sourire pour éclairer ton visage, se transformer en baiser pour étreindre tes lèvres et voleter comme une caresse pour chasser ces soucis. 

Ailleurs…


Dédé © Août 2017

vendredi 18 août 2017

Navigation

Ecosse, Highlands, Archives 2016


Marée haute
Marée basse
Humeur en alternance
Le cœur qui monte et qui descend

Une mouette survole les mâts
La mer rentre au port
Le loch se réveille sous la caresse de l’eau
Les bateaux tanguent doucement

La traversée est encore longue mais le rivage se devine dans la brume de l’espoir

 Dédé © Août 2017