Avant
La pluie dure toute la nuit. Elle tombe, heure après heure, comme une
démence du ciel.
Après les fortes chaleurs des jours précédents, on se tient tranquille à
l’abri et on écoute avec ravissement les pleurs des cieux qui trempent la terre
assoiffée. Puis on s’endort, bercé par le doux bruit des gouttes s’écrasant sur
les feuilles des arbres.
A l’aube, on émerge lentement, un ruisseau dans les oreilles, la vie
reprenant peu à peu après cette nuit humide. Alors que le jour s’ébroue, secouant furtivement
ses bords perlés de gouttes du ciel, les nuages roulent et épousent tous les
contours du ciel immense. S’accrochant aux sommets, ils se tiennent par la
main, formant une masse moutonnée. Parfois, l’un d’entre eux décide de quitter
le groupe et s’élance seul, à l’assaut de la voûte céleste. Se formant et se
déformant au gré de la brise, il parcoure avidement des distances sans fin.
Ce matin-là, le ciel est encore changeant mais se marie à merveille avec
les pics de chaque côté de la vallée. Pourtant, il ne délivre aucun secret à
celui qui le contemple. On ne sait alors si les ondées cristallines vont
reprendre ou si le soleil va percer derrière les nuages. Mais un premier rayon timide
s’accroche soudainement à la pente, réchauffant la terre qui s’agite et respire
bruyamment.
Le vent ne dit encore où il veut cingler. Il souffle doucement puis rugit
ensuite afin de secouer les branches et ployer les feuillages.
Tout au long de la journée, l’astre radieux virevolte à travers les
nuages, cachant tantôt son visage éclatant, tantôt se livrant entièrement à la
terre amoureuse. Et vers le soir, cette partie festive se poursuit, alors que la lumière
décline peu à peu. Et quand retentit le chant du merle, perché au sommet du
sapin, je respire ces gorgées d’air à plein poumons.
L’immense paix de la fin du jour envahit l’infini et descend de la
montagne dans la plaine en contrebas. Filant d’une arête à l’autre, les brumes
floconneuses voguent, voiles prêtes à saisir les derniers rayons du soleil. Quelques
oiseaux passent, sans froisser toutefois la toile nocturne qui peu à peu
s’écrit devant nos yeux.
Le temps n’a plus d’heures, plus de minutes, plus de secondes. Il
devient neutre et lisse, sans aucune aspérité et les angoisses du jour
précédent s’oublient, emportées dans ce ciel immense. Ce soir, je ne suis déjà
plus la même que ce matin et j’accueille la course des nuages et le spectacle
de la nature avec reconnaissance.
Tu me prends doucement la main, les yeux amoureux, remplis de mots
rassurants devant mon incompréhension qui est mienne depuis quelques mois.
Après
Je ne suis pas un produit fini mais un processus. Je n’ai pas qu’une
identité. S’il n’en était pas ainsi, ce serait monotone. Mais aujourd’hui, me
rappelant ce moment face à la vallée qui disparaissait dans le lointain, sous
cet immense ciel, je sens confusément que mes racines sont là-bas, dans cette
terre montagneuse. Et si le vent se remet à naviguer, il m’emportera peut-être
aux confins de mon pays d’enfance, délestée de tout ce qui me fait si mal ici.
Tu es là, dans la montagne, dans les nuages, dans le soleil, sous ces
sapins : tout ce dont j’ai besoin en ce moment présent. Et je sais que tu
m’accompagneras sur le chemin difficile qui va être le mien les semaines à
venir.
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Les
temps prochains vont être perturbés pour moi et vont me demander beaucoup d'énergie pour faire face à une situation compliquée et inattendue. Je serai peut-être moins assidue
dans vos espaces. Mais je penserai à vous. Merci.
Dédé © Juillet 2017