Francfort-sur-le-Main a des allures de cité américaine, avec ses tours altières qui touchent le ciel de leurs structures effilées. La Seconde guerre mondiale l'a pourtant laissée pantelante, particulièrement pendant le mois de mars 1944 durant lequel l'armée britannique a bombardé sans relâche la cité, la détruisant quasi entièrement. Mais l'homme se relève toujours et la résilience des survivants et des générations suivantes a conduit à cet audacieux développement urbain. Et le résultat s'étalait en cette fin de journée sous nos yeux ébahis, la Skyline, quartier d'affaires et de bureaux dans lesquel des traders du monde entier décident de transactions financières mirobolantes. Oui, c'est une ville ultramoderne qui s'est relevée avec une fureur de vivre après les bombardements, une ville haute et ouverte sur le monde et cela donnait presque le vertige de contempler l'intelligence archictecturale de l'homme.
Mais même si ce terme de "gratte-ciel" était tout à fait approprié ce soir-là où les tours semblaient toucher le ciel et trouer la barrière des nuages, je n'ai pu m'empêcher d'être saisie par des sentiments contradictoires. Certes, le spectacle était époustouflant mais j'y voyais également le signe d'un urbanisme dominateur, à l'image de l'idéologie néo-libérale, vouée à conquérir encore et encore l'humanité, à inventer et réinventer sans cesse la mondialisation grâce à la toute-puissance de l'argent. M'est revenu alors en mémoire ce tragique 11 septembre 2001, jour funeste où la civilisation florissante des gratte-ciel orgueilleux, du dieu dollar et de la plus puissante armée au monde a failli. Ce jour-là, le 21ème siècle s'était ouvert sur un décor de tragédie : attentats, morts et blessés par milliers, désespoir et vacuité des idéologies.
Mais qu'est-ce que nos civilisations hautaines ont appris de tout ceci, de cette barbare Seconde guerre mondiale, de tous les conflits et de tous les attentats meurtriers qui ont suivi? Bien peu de choses semble-t-il et le "citoyen occidental" reste très souvent sourd à la souffrance de populations démunies et exploitées, martyrisées dans le silence assourdissant des nantis.
Oui, ce soir-là, cette ville grandiose avec son quartier d'affaires résolument tourné vers l'avenir m'a laissé un goût amer en bouche. Même si un gratte-ciel a le pouvoir de faire tomber sur la terre les rayons chaleureux du soleil, même s'il est le fruit du génie humain, il est indéniablement le signe d'un monde profondément inégalitaire.
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Dédé@Octobre 2024