vendredi 15 novembre 2024

Les fées de l'automne

 


Vallée de la Clarée, Hautes Alpes, France


Tout était magique ce jour-là, cette lumière si belle de l'automne finissant, le bruit de la rivière qui gambadait encore avant d'être prise par le gel, les derniers mélèzes flamboyants qui dansaient sur les flancs de la montagne et cet air si pur qu'il en brûlait presque les poumons. 

Le petit pont de bois avait vu passer tout l'été des hordes de promeneurs pressés mais ce jour-là, il n'était foulé que par les fées de l'automne, qui partout où elles dansaient, jetaient leurs derniers sorts sur la vallée déjà presque endormie.

Le message du jour était clair et limpide : "Quand vos pensées sont trop sombres, n'oubliez pas de prendre le chemin des hauteurs pour retrouver le bleu immaculé de vos rêves."

Alors j'ai franchi le pont et je me suis noyée dans le bleu, l'orange et le jaune. 

Dédé@Novembre 2024

vendredi 1 novembre 2024

Le grand silence

 



C'était un peu comme un pélerinage pour rendre grâce à la montagne. 

Le coeur légèrement serré devant tant de beauté, on avait pourtant envie de danser, comme les mélèzes flamboyants dans ce ciel monotone mais quelque chose nous retenait : c'était cette paix si grave, oui, ce grand moment si particulier, celui qui enveloppe la nature peu avant la neige. 

Alors on a opté pour le silence, on a simplement marché et on a contemplé, laissant les mélèzes de feu virevolter encore un peu, avant le grand repos hivernal.


Dédé@Novembre 2024

vendredi 18 octobre 2024

Balades automnales

 


Balades automnales, boueuses et brumeuses, sentiers détrempés et arbres flamboyants, biches discrètes et écureuils affairés, champignons malins et fleurs esseulées, craquements des troncs et soupirs  des fées, la forêt s'ébroue et à mon passage, les lutins farceurs me regardent avancer, bien décidés à ne pas se montrer.

Chaque année, c'est la même histoire. Présences furtives, apparitions diaphanes : devant moi, la sylve déroule son chemin enchanté. Et quand les brumes se lèvent, j'écoute, recueillie, les feuilles dégringoler. 

Dédé@Octobre 2024

vendredi 4 octobre 2024

Orgueil




Francfort-sur-le-Main a des allures de cité américaine, avec ses tours altières qui touchent le ciel de leurs structures effilées. La Seconde guerre mondiale l'a pourtant laissée pantelante, particulièrement pendant le mois de mars 1944 durant lequel l'armée britannique a bombardé sans relâche la cité, la détruisant quasi entièrement. Mais l'homme se relève toujours et la résilience des survivants et des générations suivantes a conduit à cet audacieux développement urbain. Et le résultat s'étalait en cette fin de journée sous nos yeux ébahis,  la Skyline, quartier d'affaires et de bureaux dans lesquel des traders du monde entier décident de transactions financières mirobolantes. Oui, c'est une ville ultramoderne qui s'est relevée avec une fureur de vivre après les bombardements, une ville haute et ouverte sur le monde et cela donnait presque le vertige de contempler l'intelligence archictecturale de l'homme. 

Mais même si ce terme de "gratte-ciel" était tout à fait approprié ce soir-là où les tours semblaient toucher le ciel et trouer la barrière des nuages, je n'ai pu m'empêcher d'être saisie par des sentiments contradictoires. Certes, le spectacle était époustouflant mais j'y voyais également le signe d'un urbanisme dominateur, à l'image de l'idéologie néo-libérale, vouée à conquérir encore et encore l'humanité, à inventer et réinventer sans cesse la mondialisation grâce à la toute-puissance de l'argent. M'est revenu alors en mémoire ce tragique 11 septembre 2001, jour funeste où la civilisation florissante des gratte-ciel orgueilleux, du dieu dollar et de la plus puissante armée au monde a failli. Ce jour-là, le 21ème siècle s'était ouvert sur un décor de tragédie : attentats, morts et blessés par milliers, désespoir et vacuité des idéologies. 

Mais qu'est-ce que nos civilisations hautaines ont appris de tout ceci, de cette barbare Seconde guerre mondiale, de tous les conflits et de tous les attentats meurtriers qui ont suivi? Bien peu de choses semble-t-il et le "citoyen occidental" reste très souvent sourd à la souffrance de populations démunies et exploitées, martyrisées dans le silence assourdissant des nantis. 

Oui, ce soir-là, cette ville grandiose avec son quartier d'affaires résolument tourné vers l'avenir m'a laissé un goût amer en bouche. Même si un gratte-ciel a le pouvoir de faire tomber sur la terre les rayons chaleureux du soleil, même s'il est le fruit du génie humain, il est indéniablement le signe d'un monde profondément inégalitaire.


P.S.: Je retrouve encore des commentaires anonymes. Si vous ne pouvez pas vous connecter à Blogger avec un identifiant, merci de signer au moins le commentaire.

Dédé@Octobre 2024



vendredi 20 septembre 2024

Tout simplement


Les Länder de l'Est avaient un je-ne-sais-quoi de mélancolie surannée, comme si la symphonie du temps déroulait ses notes plus lentement qu'ailleurs en Occident. 

Ce bord de la Mer Baltique n'échappait en rien à cette impression de nostalgie. Alors qu'ailleurs bien plus au Sud, l'été vantard et caniculaire écrasait des vacanciers blasés, cette plage semblait presque oubliée, jeune demoiselle timide ne dévoilant ses charmes qu'à celles et ceux qui savaient encore apprécier le calme à peine troublé par le bruit du ressac.

Au plus fort de la journée, alors que le vent balayait le sable et que le soleil se montrait espiègle face à de fringuants nuages, les Allemands restaient terrés dans leur "Strandkorb", dans un quasi-silence qui contrastait singulièrement avec d'autres plages bondées et malmenées par le tourisme de masse. Même les gosses construisaient leur château de sable en chuchotant tandis que quelques vaillants nageurs affrontaient le froid glacial de l'eau.

Ce soir-là, le bonheur s'est invité dans le tendre roulis des vagues et ce glorieux coucher de soleil nous a laissés heureux, avec l'envie irrépressible de poursuivre la construction de nos châteaux intérieurs.

Ces moments où la vie s'élève comme un ballon d'enfant sont précieux.

Et ce n'est pas cette Strandkorb esseulée qui allait nous contredire: oui, c'était beau et serein, tout simplement.


P.S. Je reviens gentiment dans la blogosphère. Même si l'énergie manque un peu, la volonté est là de poursuivre mon partage avec vous. Cependant, le rythme des publications ne sera peut-être pas régulier. Merci de votre fidélité.


Dédé@Septembre 2024

vendredi 5 juillet 2024

Le temps d'un été


J'aurais pu choisir le ciel, ou le lac. Finalement, j'ai plongé avec délectation dans ce mélange des deux, sans trop savoir où cela me mènerait. 

Il suffit de peu parfois: un lac, des montagnes saupoudrées de neige alors que c'est l'été, des mélèzes d'un candide vert tendre et des nuages capricieux après un déluge de pluie. Mais dans ce presque rien, sur ce petit chemin au-dessus de la vallée, il y avait pourtant l'infini : une brise légère chassant doucement l'averse capricieuse et qui promettait, peut-être, un lendemain ensoleillé. Même les chevreuils l'espéraient.

Ce jour-là, la vie, à travers cette infime trouée de ciel bleu, a pointé du doigt la minuscule voile blanche sur le lac enfin endormi. Elle a insisté pour nous dire de continuer à naviguer, vers d'autres possibles, d'autres rivages.  Le message était clair et limpide, il fallait s'obstiner à chercher ce qu'on ne trouverait peut-être jamais. Mais qu'importe car l'éclaircie, quoi qu'il se passe, arriverait et s'installerait, le temps d'un été ou alors pour l'éternité. 

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P.S. C'est avec ces mots que je vous laisse. Il est temps pour moi de regarder les nuages et de compter les fleurs. Je ne sais quand je reviendrai. Je me demande en effet si ce blog va perdurer sous cette forme et/ou s'il n'y a pas des choses à changer. Prenez soin de vous.


Dédé@Juillet 2024

vendredi 21 juin 2024

Matin précieux...

 



...comme un moment de grâce durant lequel le brouillard nous restitue peu à peu les montagnes, avec leur manteau encore presque hivernal mais où la lumière et son énergie nous donnent des envies de conquête, une soif d'aventure pour sortir définitivement de ce marasme ambiant.

Matin précieux qui préfigure une journée ordinaire qu'il nous appartiendra de peindre en couleurs chatoyantes afin que le soir nous soyons enfin apaisés.

Le matin, tout recommence. Et c'est infiniment précieux.

Dédé@Juin 2024