vendredi 17 mars 2017

Nomination aux Liebster Awards 2017


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Quelle bonne surprise la semaine dernière lorsque j’ai appris que j’étais nominée aux Liebster Awards 2017. Je dois cette récompense à Solène du blog Le Monde de SOlène qui me l’annonce en ces mots : 
« Le blog de Dédé est magnifique. Je ne vous en dis pas plus, il faut le voir. Et je me réjouis de tout ce que j’ai encore à découvrir. »

Quand j’ai lu ces lignes, j’ai été très flattée et cela m’a fait plaisir. En effet, lorsqu’on ouvre un blog, c’est un peu un pari. On se demande si ce que l’on va raconter ou montrer va intéresser ou non. Finalement, après presque 6 mois d’existence avec « Impermanence », je me dis que le pari est réussi. J’aime la qualité des échanges que je trouve dans les commentaires et je prends toujours le temps de répondre à chacune et chacun qui vient déposer ses mots.

Quant à Solène qui m’a désignée, je ne peux que vous encourager à aller lui rendre visite. Son espace est tout en douceur. On s’y installe avec un thé chaud ou un café fumant, bien calée dans son fauteuil et on découvre de très beaux écrits, des billets d’humeur et surtout, on côtoie une férue de lectures et d’écritures qui nous emmène loin dans son monde de lettres et de découvertes littéraires. Un véritable plaisir ! Je vous le conseille vivement. Grâce à elle, je me réjouis d’agrandir mes horizons littéraires. 
Et pour celles et ceux qui ne savent pas ce que sont les Liebster Awards, je vous livre la petite histoire : 

Un beau jour, un Allemand (il paraît), désireux de se faire de la pub avec son blog, eut l’idée d’une chaîne d’amour et de reconnaissance entre blogueurs.  Puis l’idée des Liebster Awards très simple au départ, prit de l’ampleur partout dans le monde, et a depuis été transformée quelque peu, mais reste une belle plateforme de découvertes pour les nouveaux blogueurs qui se lancent dans l’aventure.

Et alors ? En quoi cela consiste véritablement ? C’est très simple et à la fois très compliqué et cela demande un peu de don de soi et de se raconter sans bien sûr tout dévoiler. 


Écrire 11 choses (« secrets ») sur soi
Répondre aux 11 questions de la personne qui nous a nominé
Nominer à notre tour 11 nouveaux blogueurs et leur poser 11 questions
Mettre des liens vers leurs blogs et les informer de leur nomination
Informer la personne qui nous a nominée que la mission est accomplie


Tout d'abord les 11 secrets: 

1. Sur mon lit trônent un ours brun, une souris rose, un mouton à tête noire et un veau des Highlands. Ce sont mes fidèles compagnons mais rassurez-vous, ils sont en peluche.
2. Mes fleurs préférées sont les tournesols car ils représentent le soleil et la lumière.
3. J’aime les masques du Löschental car ils sont les représentants du savoir-faire d’un beau coin de pays et sont porteurs d’une longue tradition de carnaval. Il y en a même un qui trône dans ma pièce principale. Il est affreux, a les dents de travers et les cheveux filasses mais je le trouve très beau. Pour la petite histoire, il m’a été offert par une personne chère à mon cœur lors d’une virée dans cette belle vallée. Le temps y était magnifique ce jour-là et notre balade avait été merveilleuse. En retournant au village, nous avons découvert la boutique dans laquelle le fabricant de masques se confondait avec ses créations. Il faisait lui aussi très peur. Il était vieux, ridé et des dents manquaient.
4. Je suis hyper sensible aux bruits et aspire de plus en plus au silence et à la tranquillité. Avez-vous remarqué comme notre quotidien est bruyant ?
5. J’aime la rhubarbe, les cornichons et j’adore le fromage. Les fondues que confectionne mon Papa sont les meilleures. Dès que le fumet se répand dans la pièce, cela annonce un très bon moment convivial. Sur les assiettes à fondue est d’ailleurs inscrite cette maxime : « La fondue crée la bonne humeur »
6. Il n'y a rien de plus beau qu'un coucher de soleil sur les montagnes.  Si en plus cet instant est agrémenté par un verre de fendant, du pain de seigle et de la viande séchée, ce n'est que du bonheur et en bonne compagnie, c'est le nirvana. N'oublions pas les cornichons dans un petit bol. Le tout dans un silence contemplatif.
7. Je suis une grande émotive. Parfois, cela me joue des tours. Ce n’est pas quelque chose de toujours facile à gérer, croyez-moi.
8. L’eau est mon amie. D’ailleurs prendre un bain fait partie de mes petits plaisirs. Je m’y enfonce avec délectation et je profite de ce moment de tranquillité pour lire. C’est un espace-temps que j’affectionne particulièrement à la fin d’une journée difficile. Etre au bord de la mer me procure aussi un sentiment de sérénité car le ressac permet de calmer mon sommeil et de le rendre plus doux.
9. Le magasin dans lequel j’aime me perdre est une librairie. L’odeur des livres, farfouiller dans les rayons, tomber sur une pépite que l’on nous a conseillée est un réel plaisir. J’achète beaucoup de livres alors que je pourrai les emprunter à la bibliothèque municipale mais c’est une passion. Alors je ne m’en prive pas. Les livres me permettent la réflexion, l’évasion, le rire ou les larmes. Ils sont mes fidèles compagnons depuis mon plus jeune âge. J’avais 8 ans. Mes grands-parents maternels m’avaient offert un livre merveilleux qui s’intitulait : « Les plus belles légendes du monde ». Je l’ai précieusement gardé. Gilgamesh y côtoyait Popocatepetl et le roi Arthur. 
10. Je bois volontiers de la Guinness. Cette bière noire coiffée d’une délicate mousse blanche ravit mon gosier. Mais par pitié ! Si on se rencontre une fois, offrez-moi une Guinness à la pression et non pas en canette ou en bouteille. Car le meilleur de la Guinness, c’est lorsque vos lèvres rencontrent la mousse blanche et se délectent de son goût crémeux. Le tirage à la pression permet d’obtenir cette mousse en y injectant de l’azote. 
11. Je suis une fan inconditionnelle du Capitaine Haddock. Il a traversé mon enfance et me fait rire aux éclats depuis très longtemps. Quelques répliques cultes: "Moi, faire le zouave??" (Objectif Lune), "Espèce de mérinos mal peignés!" (Le Temple du Soleil), "Mille millions de mille sabords! Si je tenais le bougre d'extrait d'hydrocarbure qui a pondu ces calembredaines!" (Les Bijoux de la Castafiore). Eh oui, bande de marins d'eau douce, n'est pas anacoluthe ou jus de réglisse qui veut!

Ensuite mes réponses aux questions de Solène:

1. Pourquoi ce blog ?

J’ai ouvert deux blogs avant celui-là (Impression et Dédédébat) et dans lesquels beaucoup de choses ont été échangées. J’ai rencontré, grâce à ces deux espaces, des gens extraordinaires et qui sont devenus pour certains des amis, même s’ils habitent loin de moi.

J’ai fermé mon premier blog pour des raisons personnelles. Il me rappelait trop de choses concernant une étape de ma vie que je préfère maintenant laisser derrière moi, sans rejeter les choses positives dont j’ai fait état plus haut. Le deuxième blog est toujours ouvert mais je n’y publie pas pour l’instant par manque de temps. (Dédé débat).

Impermanence a été une évidence, à un moment précis de ma vie. Quelques personnes regrettaient la fermeture du premier blog. Plusieurs fois, elles m’ont demandé de revenir dans la blogosphère.

Cela m’a pris du temps pour préparer ce retour mais aujourd’hui, je ne regrette rien. J’avais envie à nouveau de partager mes réflexions, mes tristesses et mes bonheurs. Je travaille aussi beaucoup avec le support des photos. J’en ai tellement en stock que personne ne voit, il me semble donc qu’il est intéressant de les partager (pour améliorer ma pratique photographique notamment). De plus, textes et photos sont intimement liés. En règle générale, je prends la photo et le texte suit. Mais ce n’est pas une règle immuable. Je sais que certains visiteurs sont plus sensibles aux photographies qu’aux textes. Pour d’autres, c’est l’inverse. Chacun prend ce qui lui fait plaisir.

Impermanence est une oasis de douceur pour moi. Ma vie professionnelle étant intense et difficile de par ma mission et mes responsabilités, j’aime m’entourer le soir venu de vos commentaires et j’ai beaucoup de plaisir à vous retrouver également dans vos espaces respectifs. Ce sont des lieux d’échanges qui apportent beaucoup et font grandir. Il y a de petites perles dans la blogosphère et c’est une découverte de tous les instants.  

2. Quel article recommanderiez-vous à une personne qui visite votre blog pour la première fois?

Le premier sans doute qui s’intitule « Retour » et qui a paru le 1er octobre. Il explique ma démarche et les commentaires qui m’ont accueillie ont été très sympathiques et inattendus. J’ai retrouvé des personnes connues dans le passé et cela m’a réchauffé le cœur. Pour les autres articles, je laisse les lecteurs découvrir par eux-mêmes. Il y a des contes, des réflexions sur notre société, des haïkus, des reportages voyages et toujours des photos.

3. Avez-vous un livre de chevet? Si oui, lequel?

Je n’ai pas véritablement de livre de chevet mais il y a des livres que je relis toujours avec bonheur. « Les nouvelles orientales » de Marguerite Yourcernar en fait partie. J’aime son écriture et les images qu’elle véhiculent avec ses mots. C’est de la beauté à l’état pur.

Et je cite encore « La vie obstinée » de Wallace Stegner qui m’a bouleversée à sa première lecture. C’est l’histoire d’une femme atteinte d’une maladie incurable, qui, jusqu’au bout, distille son amour de la vie. L’histoire est triste mais pleine d’espoir aussi. A côté de ces deux lectures, je lis de tout : poésie, philosophie, développement personnel, romans, essais, science-fiction et polars et j’en passe et des meilleurs.

Et je rajoute à ce tableau de chasse cette lecture qui, adolescente, m’a fait rêver et que je place comme un monument de la littérature fantastique : « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien. Il fait parler des elfes dans une langue magnifique, élève des petits hommes au rang de héros et fait parler les arbres, tout cela dans une histoire de lutte entre le bien et le mal. 

4. Si vous deviez passer une semaine seul (e) dans une maison isolée, quel livre, quel album (musique) et quel DVD emporteriez-vous?

Je prendrai certainement un des trois livres décrit précédemment en rajoutant « Pensées pour moi-même » de Marc-Aurèle, afin de rester « stoïque » en toutes circonstances. Je ne prendrai pas un seul album de musique mais plutôt mon lecteur MP3 qui regorge de pépites. Je passerai du classique au hard rock, avec une petite incursion dans le black métal, et un détour dans la musique électronique. Bon, j’admets que je prendrai quand même inévitablement un des tous premiers albums de Jean-Michel Jarre car cela me rappellera mon enfance et les films de montagnes de mon père dont la bande-sonore était toujours, soit du Vangelis, soit du Jean-Michel Jarre. Et puis un peu de cornemuse ou de cor des Alpes ? Quant au DVD : là, je sèche mais je me lance : « Le bon, la brute et le truand » pour la musique de Morricone, pour le jeu des acteurs, pour la technique de prises de vue. Ou alors « Il Postino » pour cette belle histoire d’amour et « Sur la route de Madison » parce que je suis secrètement amoureuse de Clint Eastwood et que j’adule Meryl Streep. 

5. Si vous étiez un personnage de fiction, ce serait lequel?

Aucune idée. Alf est moche et mange les chats. E.T. est affreux aussi et tout ridé. Shrek est vert et gros. Je n’ai pas la même grosse voiture que Michael Knight et je n’aime pas trop la poussière comme Indiana Jones. Et puis, non, mince, je vis dans la réalité et j’ai déjà assez à jouer ma partition et mon propre rôle. 

6. Quel personnage historique admirez-vous le plus?

Sans hésiter, Mahatma Gandhi. Un grand homme malgré ses 1 m 64. Quelle sagesse, quelle force, quel exemple. La non-violence devrait être un principe de vie pour chacun. On en est encore loin aujourd’hui. Et si on l’enseignait dans les écoles ? 

7. Si vous en aviez la possibilité, aimeriez-vous changer de vie « du tout au tout »?

Il y a plein de choses que j’aurai voulu ne jamais vivre. Mais je les ai vécues. Et cela fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mais c’est un combat que j’ai dû mener pendant des années et qui n’a pas été facile. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir atteint une certaine forme de sérénité même si parfois, je bous intérieurement. On m’appelle d’ailleurs parfois le « petit volcan » : Stromboli, (mes origines lointaines siciliennes) ou Eyjafjallajökull (attention à votre prononciation s’il vous plaît) parce que j’aime l’Islande. 

8. Pour vous, quel est le meilleur endroit pour vous ressourcer?

Ceux qui viennent lire mon blog se sont rendus compte, forcément, que j’aime la montagne car j’ai grandi à l’ombre d’elle. Elles sont mes remparts, ma force. Je rêve de voir le K2 et le Cerro Torre. Et j’aimerais toucher à nouveau le Cervin. De près ou de loin, il me faut des montagnes, petites ou grandes. Je ne pourrai pas vivre dans un plat pays. Sentir la pierre sous mes doigts, marcher inlassablement, ce sont mes façons à moi de m’unir à la nature. 

9. Quelle est votre définition du bonheur?

Je n’ai pas de définition. Le bonheur, on sait qu’on l’a vécu quand il disparaît. 

10. Quelle citation d’auteur vous guide?

De Antonio Gramsci, intellectuel marxiste italien, citation sans doute empruntée à Romain Rolland: « Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté ».

Par pessimisme de l’intelligence, on entend le réalisme de l’homme qui serait peu tenté d’entreprendre des actions inéluctablement vouées à l’échec. Mais cette rationalité est parfois limitée par sa volonté, si forte, si irrationnelle, qu’elle l’incitera à tenter l’impossible pour satisfaire ses envies. Savoir jongler entre les deux remplit une vie. 

11. Complétez la phrase, pour vivre heureux… (exemple vivons cachés)

Pour vivre heureux, oubliez que parfois vous pouvez être malheureux. 

Les nominés sont : (Je tiens quand même à préciser que je déroge un peu à la règle car il ne s'agit pas forcément de nouveaux blogueurs. Mais chacune et chacun d'entre nous a besoin un jour de se redynamiser et de continuer à croire à cette belle aventure de découvertes des autres à travers la blogosphère )

- Au fil à Fifi: une inspiration, une respiration, des photos sublimes qui font rêver
- Les rêves d'Eugénie de Denise: une grande dame qui sait admirer la nature et qui aime les canards
- Magari de Dad: des réflexions au jour le jour, sur un ton toujours pudique allant directement à l'essentiel
- Images en ballade de Claude: les photos d'un amoureux de la nature, bon vivant, tendre avec un cœur gros comme ça
- Petits bonheurs de Elisa: un regard pétillant sur son coin de pays avec des artistes poilues en premier le: c'est beau. 
- Parler en silence de Pascal: un regard aimant sur la nature. Il a son coeur dans le capteur de son appareil photo.
- Bi-zakarium de Bizak: un poète qui chante le désert, l'océan, la lune et les étoiles (il hiberne parfois)
- Elf2mani de Elfi: elle a des doigts de fée et des créations de reine de la nature
- Au pays des C de Céline: de l'autre côté de l'Atlantique, elle y parle de plantes, d'arbres, de musique, de hockey et c'est une bouffée de bonne humeur
 - Des mots des pensées de Françoise: on y devise, on échange, on sourit et parfois on essuie une larme
- Cergipontin de Cergie: ma copine de blogs depuis si longtemps: elle saisit le fugace, les sourires d'enfants, les vieilles maisons, la France et tous ses trésors. En une photo, tout est dit.
 
Et les 11 questions que je leur pose:

1. Que t’apporte ton blog et pourquoi avoir décidé d’en ouvrir un ?
2. Quel est le principe directeur de ton existence ?
3. Quel événement de société t’a fortement marqué durant l’année 2016 ?
4. Quelle est la passion qui te fait vivre?
5. Qu’est-ce qui te rend heureux dans ta vie?
6. A l’inverse, qu’est-ce qui te rend triste ?
7. Si tu étais un paysage, comment serais-tu ?
8. Si on te donnait un appareil de photo pour une journée, que prendrais-tu en photo et pourquoi ?
9. Quel événement dans l’histoire de l’humanité aurais-tu aimé vivre ?
10. Quel monument souhaiterais-tu visiter une fois dans ta vie ?
11. Quel livre me recommandes-tu et pourquoi?

Et comme vous avez été sage de me lire jusqu'au bout, voici une petite photo pour vous reposer les yeux et l'esprit:  




Dédé © Mars 2017 

vendredi 10 mars 2017

Déclaration


Quelque part en Suisse



Notre condition d’êtres de chair fait que nous sommes sensibles à la douleur, doués de conscience et poursuivis par la conscience de cette conscience, condamnés à mourir et ne le sachant que trop. Et nous sommes souvent impuissants face aux événements qui nous entourent, dans l’impossibilité de les endiguer. Combien de fois la beauté, la fragilité et la grâce se trouvent étouffées par la noirceur et les mauvaises herbes. Songeons ainsi à comme est interminable et incertaine l’évolution qui donnera la fleur. 

Pendant longtemps, j’ai eu toutes les peines du monde à me persuader d’ignorer ou de simplement regarder comme des plaisirs âpres la rugosité de l’humanité. Si certains me disaient de songer à la force de la vie, j’y voyais aussi et peut-être avant tout la part de ténèbres qui s’y louvoie avec suffisance. 

Mais après tout ce temps à chercher à comprendre, analyser et dépasser ces craintes, je suis arrivée à la conclusion que même si notre condition fait de nous des êtres mortels, je ne peux rien changer à cette flagrante évidence. Et mon choix passé d’un sommeil crépusculaire qui m’a fait somnoler plus d’une fois pour ne plus trop souffrir s’est peu à peu estompé lorsque j’ai réussi à faire jaillir la lumière dans toute cette obscurité.  

Ainsi, même si plus d’une fois dans ma vie, j’ai atteint des abysses de tristesse et d’incompréhension, je me sens à présent plus riche des chagrins vécus. 

S’ouvrir à la beauté des choses, même si cela est parfois long et douloureux, vaut mieux que de laisser trop de place aux pensées négatives. Avancer à découvert, apprivoiser le mal et la douleur, quels qu’ils soient, permet donc de vivre et d’assumer entièrement notre condition humaine. Finalement, ce que nous nommons le mal n’est peut-être qu’un long et fastidieux tâtonnement vers le bien. En effet, il fait partie de notre marche tout en approximations successives vers une conscience parfaite et un bonheur paisible. 

Même si l’hiver est long dans mes contrées, que les chênes sont dénudés et que les mélèzes souffrent de leur nudité dans le vent glacé, même si les marronniers sont en peine et que tous les autres arbres courbent la tête dans la dernière neige tombée, les cerisiers fleuriront un jour en abondance et le cycle de la nature remplacera ensuite les délicates fleurs blanches par des fruits rouges éclatants qui feront le bonheur des enfants. 

C’est une période nouvelle qui s’ouvre, vaste, pleine de possibles et cette parenthèse dans laquelle je me suis lovée si longtemps par le passé disparaît peu à peu.

Aujourd’hui, j’ai envie de te dire que les mots d’amour que tu me susurreras à l’oreille, je les croirai. 
Tous les jours que nous vivrons ensemble, nous nous souviendrons avec bonheur de ces montagnes que nous avons gravies et des contrées que nous avons traversées, notamment cette Italie si proche que nous aimons tant : celle des peintres, des musiciens, des villages accrochés aux collines se jetant dans la mer si bleue, celle des vins capiteux et décorée de ces paysages parsemés de vignes, cyprès et pins maritimes majestueux. 

Mais pour te rappeler que j’aime aussi le froid, je t’emmènerai encore dans ce Nord épuré, si sauvage, où les ciels sombres sont le théâtre de combats grandioses entre des nuages souvent orgueilleux et un pâle et timide astre du jour. 

Ainsi, tu te souviendras longtemps de la tempête qui balayait avec force les pierres du vieux château au bord du loch, de ces moutons paisibles qui paissaient au bord des routes étroites et des biches gambadant dans la forêt profonde. 

Nous rirons aux éclats de nos bêtises passées pour éloigner le sérieux trop pesant de cette humanité, entrelaçant nos doigts afin de peindre nos existences de couleurs vives. Et les années passées ensemble, nous continuerons à les décompter en mois, comme si nous venions de nous rencontrer.



Quelque part en Italie


Dédé © Mars 2017

vendredi 3 mars 2017

Douceur italienne




Rêver d’un autre ailleurs quand la fatigue quotidienne s’accumule. Et décider, sur un coup de tête, de boucler rapidement sa valise afin de franchir la barrière des Alpes. 

Au sommet du col alpin, la neige règne encore en maîtresse, même si le vent chaud du Sud, soufflant en rafales depuis quelques jours, a provoqué une fonte accélérée du manteau neigeux. En continuant la route pour descendre plus bas dans la vallée, un autre monde s’offre à moi, baigné par une douceur toute italienne. Et soudain, après un dernier virage dans ce voyage inattendu, une nappe d’eau grandiose surgit dans un décor magique : le lac Majeur s’étale sous mes yeux émerveillés. 

Lestées de leurs neiges éternelles, les Alpes valaisannes dessinent un liseré blanc à l'horizon. Les 4000 mètres ne sont pas très éloignés mais, au bord de l’eau, règne une douce atmosphère qui contraste singulièrement avec les paysages alpins. Les colosses couverts de glace se taisent, conscients qu’ici, ils ne sont plus maîtres du spectacle mais simples figurants. 

A la naissance du monde, un peintre romantique a créé un tableau sublime en posant sur la toile du lac les trois îles Borromées. Entre la rigueur des sommets suisses et la douceur d'Italie, Isola Madre, Isola Bella et Isola Superiore s’offrent ainsi avec faste aux yeux ravis des voyageurs. 

Le palais de Isola Bella surgit fièrement au-dessus des flots, gardien de pierre orgueilleux. Au printemps et en été, ses jardins luxuriants et colorés embaument l’air avec leurs allées plantées de bambous et de bananiers, eux-mêmes cernés par des camélias, des azalées et des rhododendrons. Les citronniers côtoient les buissons de roses et les lauriers en fleur éclairent les buis taillés à la française dans un jardin baroque unique. Au soleil couchant, l’opéra des audacieuses sculptures étagées sur les terrasses de verdure s’embrase de mille feux.

Pourtant, à cette saison qui n’est plus celle de l’hiver glacé mais pas encore celle du gai printemps, les îles s’éveillent à peine dans les rayons timides du soleil. Les arbres ne sont pas encore en fleurs et les oiseaux lissent leurs plumes, attendant un signe clair du ciel pour entamer la symphonie du renouveau. Pourtant flotte dans l’air un effluve hésitant qui virevolte entre les nuages. Indécis, il regarde la terre et le lac, ne sachant encore si le moment est venu d’accrocher aux arbres nus des bouquets de fleurs délicates. 

Sur la berge somnolent quelques barques. Elles regardent langoureusement le lac, rêvant de balades lointaines sur une multitude des vagues argentées. 

Je suis montée à bord d’une frêle embarcation de bois et, larguant avec bonheur les amarres, je me suis éloignée lentement, voguant vers le milieu du lac. 

Les odeurs imaginaires des citronniers et des camélias ont bercé mon voyage sur les flots scintillants au soleil couchant. J’ai navigué longtemps, glissant vers ton paradis secret, au creux de l’alcôve mystérieuse de tes bras, brasier incandescent dans la pâleur orangée du crépuscule. Puis, me laissant couler dans le gris bleuté de tes yeux j’ai plongé avec ivresse au fond des abysses amoureux.

Et dans la nuit silencieuse, sous le regard attendri de la lune et des étoiles, je suis devenue une princesse dans les dédales de ton palais rempli de folies baroques. 






Dédé © Mars 2017