Comme le monde était beau.
Là, en cet instant suspendu, l'air est devenu léger.
La barque a poursuivi sa traversée.
C'était un matin bleu, comme seul le Léman est capable de nous en donner.
Dédé@Mai 2025
Rien ne reste à jamais figé à l’image des saisons changeantes. La vie s’écoule au rythme du temps et de ce fait, elle nous soumet à l’impermanence des choses, à l’éphémère. Savoure ainsi chaque instant tel un dernier hommage. Enivre-toi et fleuris en ton existence, avec les mots et les images.
Comme le monde était beau.
Là, en cet instant suspendu, l'air est devenu léger.
La barque a poursuivi sa traversée.
C'était un matin bleu, comme seul le Léman est capable de nous en donner.
Dédé@Mai 2025
Ces dernières semaines, il fallait juste des lieux calmes, des sons doux et des teintes printanières. Et puis des choses simples après les événements si compliqués.
Alors j'ai arpenté cette campagne autrichienne, m'imprégnant du chant des oiseaux et écoutant les fleurs pousser, sur les arbres et dans les prés. Et dans ce paysage bucolique, à peine dérangé par quelques tracteurs, il y a eu une respiration, celle du gai printemps.
Les cloches de la grande église blanche ont sonné et les mésanges ont répondu, accompagnées dans leurs vocalises par un rouge-gorge. L'abeille a amorcé une descente gracieuse sur le pré paré de mille bouquets pendant qu'au loin, quelques vaches paissaient déjà.
Dans ce tableau si tranquille, un nouveau champ de possibles se dessinait, celui de la lumière et de la Vie.
Et des fleurs, mes douces amies.
Dédé@Avril 2025
Une journée blême, pâle jusqu'à la fadeur. Et puis d'un coup, tout devenait limpide: l'essentiel s'écrivait là, dans quelques courbes esquissées, dans le noir, le gris et le blanc.
Nul besoin de chercher, tout était devant nos yeux. Il fallait simplement s'imprégner de ce que la nature nous offrait.
Et finalement, si c'était aussi simple que cela?
La montagne le savait: pas besoin de grands discours, seule la sobriété importait.
P.S 1. Le jour où j'ai pris cette photo, il y avait beaucoup de brouillard mais soudain, il s'est déchiré pour laisser place juste à cette montagne. Derrière elle se trouvent pourtant des sommets fameux, bien plus élevés, mais qu'on ne percevait pas du tout dans cette atmosphère épurée. Cela m'a fait penser à cette technique de peinture à l'encre japonaise, sumi-e, qui utilise une simple encre noire et des espaces blancs pour capturer la beauté intemporelle et le complexité de la nature.
P.S.2. Je vis de nouveau une grosse désillusion au niveau professionnel. Mais peut-être ouvre-t-elle un autre champ des possibles. Je me dois d'y croire. Cette montagne, aussi sobre soit-elle, préfigure certainement un nouveau chemin qui, je l'espère, sera plus simple, plus bienveillant, plus serein...
Dédé@Avril 2025
Il avait pourtant commencé à le chanter durant la semaine écoulée. Mais, en ce dimanche matin, élégant jouvenceau vêtu de noir, le merle est revenu nous saluer après un petit passage dans la mangeoire, presque désolé d'avoir annoncé trop tôt que le printemps était arrivé.
Ce n'était pas les mésanges espiègles qui allaient le contredire. Et toute la forêt, frigorifiée dans cette neige nouvelle, acquiesçait aussi en silence.
Tout bien considéré, on ne pouvait que s'incliner devant ces flocons bien timorés car à cette altitude, le printemps n'était jamais bien pressé de s'installer.
Pourtant, dans l'air froid, quelque chose avait changé et annonçait un renouveau auquel on voulait absolument croire.
Un flocon, c'est un peu comme une fleur. Il suffit de rêver.
P.S. Alors que sur beaucoup de blogs amis, je vois des photos de fleurs qui chantent le printemps, vous m'excuserez de refroidir un peu l'atmosphère. :-) En montagne, l'hiver n'est jamais très loin du printemps. Cette photo le prouve car elle date du 16 mars dernier. J'ai aimé cette forêt dans le brouillard et en attente de jours meilleurs.
Dédé@Mars 2025
Notre existence n'est que formations fugitives de sable mouvant, nées d'un coup de vent et disparues à jamais dans le prochain souffle. Et il ne restera peut-être après nous que ce que nous aurons bien voulu laisser : des mots écrits ici et là, l'empreinte de quelques doux baisers échangés, une ou deux paroles prononcées qui subisteront en suspension dans l'atmosphère et puis s'anéantiront elles aussi dans le fracas de l'univers.
Alors, devant cette certitude de disparaître un jour, pourquoi vouloir tant être immortel? Car ce doit être terriblement ennuyeux et déprimant de savoir que ce qui se passe aujourd'hui ou demain ne joue finalement aucun rôle. En effet, d'autres jours viendront encore et toujours, d'autres mois, d'autres années et ainsi, qu'est-ce qui pourrait avoir encore tant d'importance dans cette valse du temps infinie?
Eternels, nous n'aurions plus à courir après le temps, nous en disposerions sans limite et sans nous presser et il serait totalement indifférent d'accomplir quelque chose dans l'instant présent ou le lendemain. Et les regrets n'auraient plus aucun sens car il resterait toujours du temps pour rattraper ce que nous aurions éventuellement perdu.
Alors même si nous ne sommes en réalité qu'un grain de sable dans cette immensité, même si nos traces de pas s'effaceront inéluctablement après notre passage, il n'est pas encore trop tard pour se mettre en marche, le coeur ouvert sur le monde. En héritage, nous laisserons possiblement quelques particules infinitésimales de joie qui, en s'amoncellant, vaincront la lente agonie du sablier du temps.
Et il ne serait pas déraisonnable d'espérer que ces minuscules poussières fleuriront afin de vaincre tous les déserts et toutes les guerres du monde.
Dédé@Mars 2025
Au-delà de l'au-delà, derrière cette ligne où tout disparaît et où le monde se noie, un mouvement inextinguible remue les flot. De cette énergie formidable naissent des vagues turquoises qui viennent, après une longue traversée, mourir lentement sur nos rivages.
Au loin, minuscule esquif, le voilier vogue, indifférent aux obscures turpitudes de la terre, complétant tout en légèreté ce tableau océanique qui irrésistiblement m'attire aux creux de ses murmures.
Il est temps de lever l'ancre.
Dans toutes ces nuances de bleu s'inscrit déjà ma route maritime. Il y aura des orages et des tempêtes mais aussi des levers de soleil éclatants, des îles inconnues ne figurant sur aucune carte et des pays dont les frontières n'existent que dans le coeur des fous.
Et derrière cet horizon lointain, j'écrirai une nouvelle page d'azurs et de camaïeus qui ne s'effaceront jamais.
Dédé@Février 2025
Après avoir quitté la côte du Sud de la Gran Canaria, bien trop bruyante et peuplée à notre goût, des routes escarpées et vertigineuses nous ont conduit au centre de l'île, dans un paysage d'une beauté époustouflante. Le Roque Nublo, monolithe altier, vestige d'une explosion volcanique datant de millions d'années, se dressait fièrement au milieu d'un décor ravagé de falaises, de ravins, de hauts plateaux et de forêts de pins. Sur Tenerife, l'île d'en face, le majestueux et lointain Teide nous faisait signe, tranquillement assoupi au-dessus des brumes éthérées.
L'architecture de ce paysage volcanique ne pouvait que triturer l'âme et le coeur et nos aventures sur les chemins de randonnée de l'île n'ont été que successions de découvertes ennivrantes, faites de couleurs chatoyantes, à l'opposé de notre hiver alpin parfois bien trop monochrome. Malgré un relief et un dénivellé exigeant, même pour des randonneurs pourtant habitués aux chemins alpins, s'élever sur le flancs des sommets représentait une expérience magique, à la fois apaisante et vivifiante. Au coeur du mois de janvier, les amandiers commencaient en effet leur éclatante floraison alors que nombre de plantes grasses nous offraient des fleurs élégantes et délicates, si fragiles et si fortes à la fois, comme des palettes de coloris intenses déposés sur le vert et le brun des décors montagneux.
Les ravissants villages multicolores accrochés à des parois vertigineuses, les bouquets de palmiers et bananiers dans les tréfonds des barrancos humides, ce bleu du ciel si intense, l'Atlantique et ses fougueuses vagues, les dunes mystérieuses d'un tout petit désert, le goût sucré des bananes, les généreux orangers et ce vent lancinant venu du large balayant toutes nos certitudes de continentaux, nous ont révélé un monde de merveilles infinies.
Même Las Palmas, bruyante et bouillonnante métropole en bord de mer, ni vraiment canarienne ni tout à fait espagnole et déjà presque sud-américaine, nous a subjugués en nous offrant un dédale de ruelles chatoyantes que Christophe Colomb avait arpentées bien avant nous, en 1492, lors de son escale sur l'île avant sa découverte du Nouveau Monde. Les lourdes portes en bois massif des maisons des vieux quartiers ne demandaient qu'à être poussées pour entrer dans l'Histoire, en dévoilant des patios fleuris et des cours secrètes, chuchotant des histoires de traversées des océans et de commerces de fruits exotiques.
Chaque exploration dans notre escapade hivernale a tissé un fil à travers l'étoffe riche et colorée de cette île, la transformant en un souvenir précieux que nous garderons inscrit dans la prunelle de nos yeux.
Aujourd'hui, face à mes Alpes enneigées, je me souviens avec gratitude et émotion de ce que la nature nous offre ici et là, comme autant de fenêtres sur le monde, et le chant enjoué et espiègle du serin des Canaries reste gravé au fond de mon coeur exalté par tant de beauté.
Dédé@Février 2025