vendredi 24 septembre 2021

La glace

 


Inexorablement, la glace recule, comme si elle craint de se retrouver nez à nez avec les hommes. 

La montagne, blessée, regarde la plaine avec tristesse. Ramassée sur elle-même, faisant presque grise mine, elle reste pourtant si fière. 

Entre elle et moi ce jour-là, quelques impressions ont été échangées, comme pour se dire que cela suffisait.

Et le ciel, au-dessus de nous, a rugi pour dire sa colère. 

 

 Dédé © Septembre 2021 



vendredi 10 septembre 2021

Immensité

 


Je constate, au fil du temps, que c’est toujours vers la montagne que je reviens, indubitablement, sans concession. Elle est silence même si les insectes butinent en vrombissant, si le vent apporte le bruit léger des ailes du rapace juste au-dessus du sentier, si les fleurs chantent des mélopées suaves remplies de sucre et de senteurs qu’on ne peut nommer. Ses paysages, équilibrés et merveilleux, chantent la vie.

Bien timide cette année, l’été bondit enfin en ce mois d’août, avec ses couleurs, ses parfums capiteux et les vaches, plus bas dans la vallée, font retentir leurs cloches pour célébrer l’herbe fraîche ondulant enfin sous les rayons du soleil.

Dans cette profusion de sensations et le cœur en fête, je me surprends, ce jour-là, à vouloir devenir un bouquetin, fier équilibriste des falaises, pour gambader sans fin sur les sommets. Ainsi transformée, je contemplerai le monde avec mon œil d’or, au-dessus des remous terrestres et plus rien ne m’atteindra, dans cette immensité que l’homme ne pourra jamais dompter.

 Dédé © Septembre 2021

vendredi 30 juillet 2021

Eclaircies?

 


C'est ainsi, presque jour après jour. Les nuages envahissent le ciel, défiant le soleil avec arrogance, en toute impunité. Ce dernier ne sait comment agir, battre en retraite ou prendre les armes pour s'imposer. Et quand il doute, dardant un timide rayon ici ou là, la pluie profite de ses tergiversations pour s'inviter, régulièrement, en grosses gouttes orgueilleuses ou en fins rideaux glacés.

Et pourtant, ce ciel menaçant et majestueux, comme un amas de crème fouettée au-dessus d'une glace au parfum d'enfance, nous invite à plonger dans des délices interdits.

C'est un été étrange, qui suit un déconcertant printemps, qui lui a remplacé un hiver ébouriffant. 

Il n'y a, je crois, qu'à admirer ce que la nature daigne bien nous offrir et à penser à toutes celles et ceux que ce temps étrange et perturbé a précipité dans un futur bien angoissant. 

Prenez soin de vous. 

P.S.: Je suis toujours en pause, voire en pose.

 Dédé © Juillet 2021

jeudi 1 juillet 2021

Arc-en-ciel

 
 
Cela a été un drôle de printemps et je me retrouve à l’entrée de l’été bien esseulée car ma meilleure amie J. s’en est allée. Elle et moi avions partagé tant de choses, de joyeux moments, avec son mari aussi quand il était encore là. Espiègles, souvent le mot pour rire, nous passions des heures à passer en revue les histoires du village, à admirer les montagnes et les géraniums sur son balcon et à deviser sur notre humanité. 47 ans nous séparaient mais ce grand écart n’a jamais compté, ni pour elle, ni pour moi. L’amitié, l’affection et le respect étaient bien plus importants qu’un nombre qui ne signifiait finalement rien.

Elle était une lueur pour moi, comme une petite bougie toujours allumée en cas de besoin, afin d’éclairer mon chemin parfois bien obscur. Elle aimait Jean-Sébastien Bach, les chocolats Femina et le Favi que l’on dégustait à l’apéro le dimanche.

Et puis ces derniers mois, la petite flamme a vacillé, peu à peu, s’éteignant finalement au mois d’avril. En ces temps perturbés de pandémie, nous nous sommes retrouvés en tout petit comité pour lui rendre un dernier hommage et lorsque son cercueil est ressorti de l’église, j’ai carillonné quelques notes en son honneur, elle qui aimait tant entendre les cloches depuis le balcon de son magnifique chalet.

Elle avait de la peine à marcher J. et elle devait s’aider d’une canne pour traverser le village. Quand j’étais avec elle, elle faisait mine de l’oublier, pour mieux s’accrocher en riant à mon bras. Mais depuis qu’elle n’est plus là, c’est moi qui suis bancale.

Cela a été un drôle de printemps durant lequel la neige s’est invitée régulièrement comme si elle ne voulait justement pas que cela soit un vrai printemps. Heureusement que mon ami l'écureuil est régulièrement venu me rendre visite car mon moral déclinait. Et puis finalement les fleurs ont jailli en chœur, les sonnailles des vaches ont retenti à nouveau dans les alpages et le merle a entamé ses mélopées tous les soirs au sommet du sapin là-bas. J. a dû trouver son chemin dans les méandres célestes sans qu'elle ait besoin de mon bras pour clopiner.

Aujourd’hui, il est temps pour moi de prendre une pause bloguesque car ce fut vraiment un drôle de printemps qui me laisse un peu hébétée. Je m’en vais glisser sur les arcs-en-ciel et peut-être qu’avec tous mes amis de la forêt, nous composerons la symphonie de l’été.

Bel été à toutes et tous. Prenez soin de vous.


 Dédé © Juillet 2021

vendredi 18 juin 2021

Fontaine de vie

 


Ce printemps qui, pour ainsi dire n’avait jamais vraiment existé, s’est mis soudainement à tressauter, à jaillir de partout, en seulement quelques jours. Les prairies ont verdi et le merle a chanté, de plus en plus fort.  Son chant s’est enroulé autour des troncs des mélèzes et des sapins, répondant à celui du pinson et aux salutations matinales du coucou. Les écureuils ont retrouvé leurs sourires, les mésanges ont donné la becquée aux petits oisillons tout juste nés et les lièvres ont organisé leurs joutes printanières pour sacrer "le champion des plus grandes oreilles" de toute la communauté.

Là-haut, l’hiver a vécu ses derniers soubresauts, fier et combattif, gardant encore sous son plastron de nombreuses plaques de neige.

Lorsque les cieux tourmentés ont tournoyé au-dessus de la montagne ce jour-là, j’ai su que l’été allait arriver, envers et contre tout.

Alors, j’ai admiré cette pluie diluvienne, fontaine de vie lavant les derniers affronts, effaçant les mauvais souvenirs et abreuvant avec force les pâquerettes avides de vie. 

 Dédé © Juin 2021

vendredi 4 juin 2021

Printemps timide

 

 



Sur les sommets blancs

Le printemps joue au timide -

Marcheur en attente

 

 Dédé © Juin 2021

 

vendredi 21 mai 2021

L'envie de

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Il m'est venue l'envie, sourde, presque viscérale, de m'échapper, de rejoindre ces terres hostiles balayées par le vent du Nord, où l'être humain n'est rien, où seul le souffle du vent dit tout. 

Il m'est venue l'envie de me perdre dans un océan de vert profond, de bleu froid, de gris si chatoyant qu'il n'existe que là-bas, d'être une princesse dans un vieux château oublié des hommes et d'entendre le chant d'un violon et d'une flûte scander les danses des esprits de la lande. 

Il m'est venue l'envie d'affronter les tourbières, de plonger dans des lacs miroitants, de me perdre dans des brumes évanescentes et de gravir des montagnes austères que personne n'a jamais escaladées.

Il m'est venue l'envie  de ne croiser que des moutons et des chevaux sauvages et de parcourir les rares chemins serpentant au milieu de vastes étendues de rocailles, semées d'herbe rousses et vertes où gambadent les lutins facétieux. 

Il m'est venue l'envie de m'enivrer avec un whisky capiteux qui déchire le gosier et qui, lorsqu'il coule dans les veines, ravive la flamme des temps oubliés.

Oui, je crois que j'ai envie de Nord, de vent, d'espace, d'Irlande ou peut-être d'Ecosse, voire même du Dartmoor que j'ai tant aimé.

Ces terres-là, mon ami, ce sont celles dont je rêve si souvent, juste encore une fois, pour nous échapper, pour nous noyer dans cette lumière tragique qui n'existe que là-bas.

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P.S. Je suis très occupée ces temps-ci. Mais je ne vous oublie pas. 

Une petite information : pour celles et ceux qui sont abonnés et reçoivent des alertes lorsque je publie des billets, j'ai été informée que ce service ne sera plus disponible tout prochainement. Je cherche une solution de remplacement mais n'en ai pas encore trouvée. Merci de votre compréhension.

 Dédé © Mai 2021